Monsieur Dassault,
Je ne vous questionnerai pas sur le fait que, grâce à vous, des armes de destructions actives, vos merveilleux Rafales, vont être désormais, au service de la puissance la plus rétrograde du monde : l’Arabie Saoudite. Cet Etat, propriété d’une famille, a propagé et continue de propager dans le monde entier la version la plus fondamentaliste de l’islam, le wahhabisme, qui est à la source de bien des violences, et jusque sur notre propre sol. Etait-il, par ailleurs, si nécessaire d’exporter des armes dans une région qui est déjà la plus explosive du monde ?
Je voudrais simplement vous demander si vous avez rendu et rendez à la Nation tout ce que vous lui devez.
D’abord, d’avoir survécu grâce au choix coûteux, fait par tous nos gouvernements successifs, d’équiper notre armée de l’air de ces fameux Rafales dont, jusqu’à aujourd’hui, personne ne voulait.
D’avoir bénéficié, depuis de nombreuses années, de VRP de luxe, en la personne des Chefs de l’Etat et des ministres des Affaires étrangères, ainsi que de toute la logistique financière et diplomatique dont ils disposaient et disposent encore.
Tout cet argent, venu de nos poches, nous l’avez-vous vraiment rendu ?
Je n’ignore pas, certes, que vous créez de la richesse dans notre pays, que vous investissez dans la recherche et l’équipement de vos usines, que vous donnez du travail à des ouvriers –mais eux aussi, vous donnent du travail -, que vous payez des impôts.
Mais je n’ignore pas non plus que vous et vos semblables disposez, dans vos bureaux de compétences qui, en toute légalité je n’en doute pas, vous permettent, comment dit-on déjà ? « d’optimiser » votre contribution au budget de l’Etat.
Que vous disposez d’une tribune sous forme de quotidien national, dont vous n’êtes pas, bien sûr, le rédacteur en chef, mais qui défend une vision de la politique et de la société qui ne doit pas beaucoup vous déranger – même s’il lui arrivé parfois de d’indisposer vos clients potentiels.
S’il vous arrive un jour d’avoir entre les mains cette « bouteille à la mer », nul doute que vous aurez à cœur de me faire connaître tout ce que nous vous devons. Et si vous avez encore un peu d’argent à consacrer à de « bonnes œuvres », je peux, quant à moi, vous proposer quelques idées.
En vous remerciant d’avoir eu, je l’espère, la patience de me lire jusqu’au bout, je vous prie de croire en ma reconnaissance, anticipée, de citoyen français.
Marc Farine
École et société