Si l'expression "bouteille à la mer" a bien un sens, il s'applique particulièrement bien à ce texte, car je doute que vous le lisiez un jour...
J'ai écouté avec passion votre présentation de Hannah Arendt, et aussi un peu celle de Hans Jonas, malheureusement pas (encore) celle de Gunther Anders.
Mais pourquoi, alors que je suis si souvent en accord avec vous, suis-je au contraire toujours déçu dès que vous parlez du christianisme? On peut, par exemple ne pas approuver la pensée et l'action de Joseph Ratzinger, doit-on pour autant le traiter "d'abruti". Je crois que pour vous c'est une constatation et non une injure, mais on pourrait élever un peu le débat, non?
Quand vous dites que Jésus n'a pas existé, qu'il n'est qu'une création à partir des archives juives, je me permets de penser que votre information date un peu. Nul n'est obligé d'adhérer à son message, il est même évident que les évangiles relisent sa vie en s'inspirant du premier Testament, mais je ne crois pas qu'on puisse trouver un historien sérieux qui doute encore de son existence. Dans la Faiblesse de croire, Michel de Certeau n'ignore pas les incertitudes qui entourent la connaissance de Jésus, il en parle comme d'une "trace" laissée et parfois recouverte d'interprétations discutables, mais selon lui on ne peut pas expliquer la suite sans l'existence de cette source.
Mais bon, ce n'est pas votre tasse de thé. Dont acte...
Je voudrais aussi revenir sur votre conclusion. Vous faites preuves d'une belle lucidité sur les chances limitées de préserver un avenir humain pour l'homme, même sur les solutions qui vous agréent chez Arendt ou Anders et sur ce que vous proposez vous-même. Je puise quant à moi une de mes raisons d'espérer chez Hannah Arendt, dans ce qu'elle écrit sur le pouvoir de commencer. Elle cite, excusez-moi, Saint Augustin qui dit que si Dieu a créé l'homme, c'est "pour qu'il y ait du commencement dans le monde".
Bon Dieu ou pas, on peut toujours "commencer", camarade ! Ce que vous avez fait courageusement à Nantes...
École et société