Thérèse, à 15 ans, quand elle menace de se jeter sous une voiture parce qu'on l'empêche de voir son Jean. Thérèse auprès de son Jean, qui lui a fait "tout voir", à l'heure de sa mort. Elle lui prend les mains et récite le Souvenez-vous.
Une vie de traverses multiples : la maladie, pas d’enfants, la réussite et la ruine, vingt déménagements, et toujours la force de recommencer.
Elle arrive toute jeune encore à l’usine. C’est comme ça qu’on fait les chaussettes, ici ? On tricotait les chaussettes toutes droites, puis ont leur donnait forme sur un gabarit ; évidemment, à la première lessive, la chaussette perdait sa forme.
- Ne vous mêlez pas trop aux ouvrières !
On veut, en effet, en faire une contredame. Elle apprendra aux autres à tricoter les chaussettes, en faisant les diminutions.
Pour échapper à la corvée de galoche, à la maison, où ses frères et sœurs travaillaient autour du père, elle avale, un jour, les clous qu’on met au bord des lèvres pour clouer plus vite.
A Lyon, où elle a rejoint son mari évadé d’Allemagne, elle sera contrôleur dans le trolleybus. Bientôt, elle travaillera à la préfecture. C’est là que la Gestapo viendra l’arrêter, pour fait de résistance. Heureusement, elle a quitté son bureau pour aller chercher des dossiers dans une armoire. Elle n’est pas venue aujourd’hui, voyez : sa place est vide. Elle et Jean devront s’enfuir dans le Jura. 
Pour son dernier métier, à plus de cinquante ans, elle s’embauche comme ouvrière aux batteries Tudor. Elle a un jour ce mot, alors qu’on leur demande un surcroît de travail occasionnel : mourons pour la batterie ! Quelques mois plus tard, elle sera chargée de la paie pour toute l’entreprise lilloise, menant toute seule ce travail : calculer ce qui revenait à chacun et distribuer l’argent en espèces. A son départ, il faudra trois personnes pour la remplacer.
Il ne fallait pas remarquer quelque chose de beau, dans son appartement. Ça te plait ? Prends-le ! Ma chère marraine, tu es partie dans le dénuement complet, dans la solitude de la maladie d’Alzheimer, il avait même fallu qu’on tue ton chien… Tu as payé ta liberté au prix fort, mais ce que tu nous as laissé est inestimable.
École et société