Imprimer cette page
jeudi, 20 janvier 2022 21:10

Synode 2023 sur la synodalité

Écrit par

 

L’Église de Dieu est convoquée en Synode : un temps d’écoute, de dialogue et de discernement que l’Église tout entière entend mener au cours des deux prochaines années afin de mieux répondre à sa mission d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ au monde entier. C’est un évènement important de l’Eglise locale et universelle, un évènement qui concerne tous les chrétiens fidèles laïcs, clercs et personnes consacrées.

 

 

 

 

Le groupe inter mouvement Réparons l’Église 76 a été constitué au printemps 2019, dans le diocèse de Rouen, à la suite de la Lettre du Pape François au Peuple de Dieu (août 2018), dans un contexte marqué par :
-la médiatisation des abus sexuels dans l’Église catholique,
-une réaction publique de responsables nationaux de mouvements d’action catholique et d’Associations de fidèles qui allaient constituer « Promesses d’Église »
- une vaste enquête du Journal La Croix , intitulée « Réparer l’Église ».
Les membres de notre groupe (une quinzaine de personnes) sont issus de différents mouvements participant à Promesses d’Église : ACI, ACO, ACF, CCFD, MCC, CVX, EDC, CdEP, Semaines Sociales, Point1, auxquels se sont joints deux prêtres et des personnes participant à des services diocésains.
Sans engager leur mouvement ou association d’appartenance, les contributions des participants sont marquées par les particularités culturelles, sociales et spirituelles de ceux-ci. Chacun d’eux a aussi une intégration géographique variable, rurale ou urbaine, avec des attaches diverses dans des communautés paroissiales.
Notre adhésion à la charte de Promesses d’Église suivie de notre pleine reconnaissance comme l’un des deux groupes locaux membres de ce collectif, a constitué une étape importante de notre cheminement. Elle nous a permis de participer aux différents groupes thématiques mis en place par Promesses d’Église pour répondre à l’ appel du Pape et préparer une contribution documentée au synode sur la synodalité, destinée à la Conférence des évêques. Elle participe aussi à notre identité  auprès de nos responsables diocésains. C’est à partir de constats de la vie quotidienne de nos communautés dans nos territoires que nous rêvons l’Église du XXI° siècle. Depuis trois ans nous les avons confrontés entre nous ou lors de réunions ouvertes. Ils ont servi de base à la présente contribution au synode adressée au CDP de Rouen.

 

Rencontre CdEP des 16-18 octobre 2021 : atelier synodalité

Cet atelier se situe dans le cadre de la démarche synodale à laquelle le pape François invite toute l’Eglise.

L’animateur rappelle, en introduction, que la synodalité (le fait de « marcher ensemble », clercs, laïcs, religieuses et religieux) est une dimension essentielle, constitutive de l’Eglise. Le pape François définit une Eglise synodale comme une Eglise de l’écoute, une Eglise du service, une Eglise ouverte aux autres confessions chrétiennes, aux autres religions, à l’humanité dans son ensemble.

Quelle est donc la place de notre association Chrétiens dans l’Enseignement Public dans la synodalité de l’Eglise ? Comment pouvons-nous contribuer à faire vivre la synodalité ?

Parmi les dix thèmes proposés dans le document préparatoire, nous choisissons de nous concentrer sur le pôle n° 2 : Ecouter. Faut-il coupler avec le pôle 3 : Prendre la parole ou mieux le pôle 6 : Dialoguer dans l’Eglise et dans la société ? Des avis divers s’expriment. En tout cas, nous sommes tous d’accord pour souligner la nécessité de commencer par écouter et d’y consacrer le temps qu’il faut. Comme le dit très justement quelqu’un : « Si personne n’écoute, comment peut-il y avoir une parole ? »

Mais, demande un autre, qui doit s’exprimer dans cet atelier ? L’association dans sa globalité ou des personnes qui expriment un point de vue individuel et/ ou reflètent plus ou moins les réalités locales ? Au terme d’une discussion, nous concluons qu’une association ne peut se concevoir que dans sa diversité, qui est une richesse. Au demeurant, c’est déjà une forme interne de synodalité.

Les difficultés de l’écoute.

Ecouter suppose de prendre du temps pour le faire et nous sommes dans une société où nous avons de moins en moins de temps disponible.

On peut aussi redouter l’écoute de certaines personnes ou de certains discours qui tendent au monologue ou semblent intolérants. Et pourtant il vaut la peine d’écouter ce qui est dit, qu’on soit ou non d’accord.

Pour écouter, il faut accepter de laisser l’autre prendre sa place, accepter de le connaître dans sa vérité. Il faut aussi accepter de se laisser soi-même déplacer.

Et comment, inversement, se faire entendre ou écouter ? On note avec intérêt que désormais les ONG dont des ONG d’inspiration chrétienne : Secours Catholique, CCFD, Petits Frères des Pauvres etc . sont écoutées dans les médias, parce qu’elles rapportent des réalités concrètes, avec un sérieux qui est reconnu.

L’écoute à l’école, au collège, au lycée et à l’université.

Il est essentiel de se mettre à l’écoute des élèves, des parents, de la société, si l’on veut faire correctement son métier d’enseignant.  

Ecouter les élèves, cela ne se fait pas seulement avec les oreilles : il faut être attentif au contexte socio-culturel dans lequel ils baignent, à ce qu’ils vivent en dehors du temps scolaire, écouter aussi les réussites et les échecs qui sont finalement une forme de parole.

Il faut aussi se soucier d’écouter les filles, qui ne s’expriment pas toujours aussi spontanément que les garçons quand on aborde des sujets de société ou des sujets techniques. Il ne faut donc pas hésiter à susciter leur prise de parole.

Ce qu’on entend quand on écoute les élèves.

C’est d’abord un stress. Les élèves demandent à être rassurés, mis en confiance.

C’est aussi une grande inquiétude concernant l’avenir. Fondamentalement nos élèves ont besoin d’espérance.

Et l’écoute du Tout Autre ?

Ecouter la Parole, dit une personne, c’est à la fois écouter les autres –Dieu s’exprime aussi dans les autres – et écouter l’Evangile. Une autre complète : Et il ne faut pas oublier d’écouter son cœur ou d’écouter dans son cœur, où Dieu parle. On pense alors à saint Augustin : « Dieu plus intime que ce qu’il y a de plus intime en moi » (Deus interior intimo meo ).

https://eglise.catholique.fr/vatican/le-synode-2023/synode-des-eveques-sur-la-synodalite-2021-2023/

 

 

Un groupe du CCFD-Terre Solidaire et le Synode à Marseille

Dans le cadre du CCFD-Terre Solidaire de Marseille, les mouvements de la collégialité ont appelé à se saisir de la démarche synodale proposée par l’Eglise diocésaine. Notre groupe a rassemblé 9 personnes issues des mouvements suivants : ACE (Action catholique des enfants, Accompagnatrice), ACI (Action catholique des milieux indépendants), ACO (action catholique ouvrière), CdEP (Chrétiens dans l'Enseignement Public) assez diverses : différents milieux sociaux, différentes manières d’être en Église : pratiquants ou peu pratiquants, en recherche, insérés en paroisse ou pas du tout ; 8 laïcs, un prêtre ; 5 femmes et 4 hommes. Nous avons utilisé les pistes de travail proposées par le diocèse. Les dix thèmes proposés pour le synode avaient été regroupés sur le site diocésain en trois pistes :

Ecoute, dialogue et mission
Coresponsabilité et écoute de l’Esprit Saint
Ecouter la Parole, méditer et célébrer.

Nous avons fait le choix de la piste « Écoute, dialogue et mission ». Le support de réflexion comportait des textes de l’encyclique de Paul VI "Ecclesiam suam",  le texte de la Samaritaine (qui ont servi de point de départ à chaque réunion) et des questions. Notre groupe a pratiqué l’écoute, la reprise personnelle des paroles émises par d’autres, un travail de synthèse. Nous avons beaucoup abordé la question du dialogue dans l’Église et celle du dialogue entre l’Église et le monde et leurs conditions. Nous nous sommes servi de la grille proposée par le diocèse pour lui communiquer notre travail :

 Convictions / intuitions :

L’Église doit annoncer la joie du compagnonnage avec Jésus. C’est lui qui nous rassemble.

La parole de l’Église doit être porteuse de sens et de liberté. L’Église doit « se faire conversation », c'est-à-dire écouter ce que l’autre a à dire, ne pas vouloir tout maîtriser. Nous souhaitons qu’elle soit accueillante et ouverte à la vie et aux recherches des hommes, en particulier des plus petits ; pas de condamnation, pas d’exclusion, pas de règles morales à appliquer, mais une Église au service du monde.

L’Esprit agit dans le monde, et il ne peut le conduire à sa perte : C’est à l’Église de donner les moyens de reconnaître le royaume de Dieu présent et en devenir. Trouver les signes. Pas un au-delà. Espérance au jour le jour. C’est la ligne de crête qui permet de parler des enjeux sans faire des agnostiques des chrétiens qui s’ignorent. A côté des signes, il y a le témoignage des personnes, toutes originales, et pleines de beauté, mais aussi de misères, que nous rencontrons.

L’Église d’apparat, le « ronron » des liturgies, les processions, l’adoration de reliques…, tout cela nous interpelle. Comment mettre au centre ce qui nous tient vraiment à cœur, les questions qui se posent dans la vie quotidienne ? Nous ressentons souvent des tensions très fortes entre les positions de l’Église sur des sujets de société (sexualité, avortement, mariage pour tous, divorce, mais aussi engagement politique ou citoyen) et ce que nous vivons personnellement ou ce que vit notre entourage.

Il y a un réel besoin de lieux de parole. Nous relevons dans l’Église, comme dans d’autres lieux que nous fréquentons une distance entre la parole collective et la parole personnelle. L’écart peut être tel que la parole collective devienne incompréhensible ou rejetée, ou que la parole personnelle apparaisse écartelée entre les mots du collectif qui nous porte et les questions qui surgissent.

Ce qui se réalise de bien et de beau dans la société pourrait aussi être mis en avant par l’Église, pas seulement les célébrations, les fêtes religieuses et ses propres actions. La présence de chrétiens dans des actions collectives pour une société plus solidaire et plus respectueuse de l’environnement fait signe. Il nous semble que dans le quotidien de nos engagements au service du monde, notre foi chrétienne (à la différence de certaines positions de l’Église) ne paraît pas insensée à ceux que nous rencontrons.

« La mission ne se définit pas, elle se vit » Mgr Coffy (Assemblée synodale 1971)

Importance de la prière personnelle ancrée dans le quotidien de nos actions et de nos rencontres.

 Propositions concrètes et quels petits pas nécessaires pour avancer ?

Promouvoir les lieux de paroles : les mouvements, les temps de partage pendant ou après les célébrations. En inventer de nouveaux.

Permettre des homélies à deux voix, prêtre et laïc, ou à plusieurs voix, ou les remplacer par un partage sur les textes du jour.

Donner la place à des échanges sur les sujets sociétaux : sexualité, naissance, mort. Aborder ces questions en tenant compte du vécu des personnes et en recherchant ce qui fait sens.

Travailler en groupe la manière de proclamer sa foi en inventant de nouveaux credo.

Instaurer un véritable travail d’équipe laïcs, prêtres à tous les niveaux : paroisse, secteur, diocèse, avec des conseils pastoraux qui pourraient être élus. Participation de laïcs, en particulier de femmes, à la CEF.

Avoir des laïcs représentatifs de milieux différents, hommes et femmes à toutes les étapes de ce synode. Pouvoir nous organiser pour suivre ce qui se dit et réagir.

Même s’il ne faut pas cacher les difficultés, continuer à accueillir des migrants : logement dans des locaux inoccupés appartenant à l’Église, les accompagner avec d’autres organisations pour la reconnaissance de leurs droits fondamentaux.

Dans les médias officiels de l’Église, porter un regard positif sur le monde : le service public, les jeunes, la citoyenneté …

 Relecture de ce qui a été vécu ensemble 
(difficultés ? découvertes ? divergences ? Consensus ? Fortes résonnances ?)

Dans l’ensemble, nous sommes heureux ce temps passé ensemble. Nous avons échangé dans une grande écoute mutuelle.

Les convictions énoncées sont nées à partir d’expériences très personnelles de notre vécu en Église et dans nos différents engagements hors Église.

Beaucoup de sujets ont été abordés : la place des femmes dans l’Église, le rôle des prêtres, en particulier du « curé », les sacrements (le sacrement du frère !), la nouveauté des dernières encycliques du pape François… mais les propositions concrètes définies plus haut ne répondent pas à toutes les problématiques évoquées.

Nous nous sommes aussi posé beaucoup de questions sur ce qui pouvait naître de ce synode et sur le "comment" toutes ces contributions qui seront sans doute parfois divergentes allaient être traitées. Qu’en restera-t-il après les différents filtres, diocésains, nationaux, continentaux et finalement planétaire ?

Claude, Jacqueline, Marie-Françoise, Michèle, Noëlle, Jean, Jean-Pierre, Paul, Pierre.
Marseille, le 28 février 2022

Éléments similaires (par tag)

Connectez-vous pour commenter