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jeudi, 21 janvier 2021 21:38

Après l’épidémie de Covid-19, restaurer l’église

Écrit par

Daniel Moulinet, aumônier national de CdEP, est professeur en histoire de l’Eglise à l’université catholique de Lyon. Observant la chute de la pratique dominicale en ces temps de pandémie, il propose la constitution de « communautés de base » pour tisser du lien entre paroissiens.
Tribune parue dans "La Croix" du 11.01.2021

L’Église serait-elle une victime de plus de la Covid ? En de nombreux lieux, il semble qu’il se soit produit une chute massive de la pratique dominicale. La levée de la jauge de trente personnes ne semble pas avoir provoqué un retour massif des pratiquants. Certaines personnes âgées ont peut-être considéré qu’il n’était pas prudent de s’exposer à l’épidémie en retrouvant la messe paroissiale. Peut-être, la saison hivernale aidant, ont-elles découvert que la messe télévisée suffisait à nourrir leur foi. Il semble que, dans beaucoup de paroisses, ce sont elles qui sont aujourd’hui absentes de la messe du dimanche.

Si elle permet une réelle qualité de prière, la messe télévisée n’offre pourtant pas certaines dimensions de l’eucharistie qui sont – ou devraient être – importantes : une vraie participation par les répons ou par le chant, la possibilité de la communion, la dimension communautaire enfin.

Ce dernier point mérite réflexion. Si certains fidèles ne se pressent pas pour revenir au sein de leur église paroissiale, c’est peut-être que cette dimension n’était guère perceptible à leurs yeux. La “communauté paroissiale”, selon la terminologie habituelle, était-elle une véritable communauté ? La crise sanitaire elle-même peut permettre à chaque fidèle – laïc ou clerc – de s’interroger : dans quelle mesure a-t-il eu le souci de ses frères, de leur santé, de leur éventuel isolement, de cette solitude qui, dans les périodes de confinement, a pu les guetter, surtout les frères et sœurs âgés, seuls, malades ou vivant éloignés de leur famille ? A-t-il pris de leurs nouvelles, leur a-t-il offert quelques menus services ?

Dans combien d’assemblées dominicales, le rite de la paix n’est-il que superficiel ? Avant la pandémie, les fidèles prenaient-ils le temps de bavarder un peu, de s’informer, de se connaître, d’échanger même des sourires ? Si, à ces questions, l’honnêteté nous pousse à répondre par la négative, il faut en conclure que la communauté paroissiale n’existait pas, mais n’était qu’une simple agrégation de fidèles. Dans la mesure où les personnes fragiles n’ont pas trouvé dans nos églises la chaleur humaine qu’elles en attendaient, auront-elles vraiment envie d’y revenir ? Peut-être, dira-t-on, n’avaient-elles qu’une vue bien réductrice de l’eucharistie si elles n’ont aujourd’hui plus d’appétence pour la communion. Se contenter de le leur reprocher sans nous interroger à notre tour serait insuffisant.

Si, une fois l’épidémie passée, ces fidèles ne reviennent pas, l’assemblée dominicale sera largement amputée. En certains lieux en effet, notamment en milieu rural, la partie âgée représentait une forte proportion de l’assemblée, parfois 70 à 80 %. La Covid a accéléré un phénomène de lent effritement de la pratique. La chute apparaît maintenant brutale. Cela ne devrait-il pas interroger les acteurs de la pastorale en invitant à remettre au premier plan l’essentiel : l’amour de Dieu et du prochain, se traduisant en une véritable fraternité au sein de la communauté chrétienne ?

Pour cela, ne pourrions-nous pas nous orienter vers un encouragement décisif pour la constitution de “communautés de base”, de petite taille, dont les membres se connaîtraient tous, auraient soin les uns des autres et se retrouveraient régulièrement pour une prière commune. Celles-ci, le plus souvent, pourraient avoir une base géographique, un village, un quartier. Mais elles pourraient aussi avoir d’autres visages : une communauté de profession, par exemple. Les mouvements d’Action catholique et de spiritualité ne sont-ils pas déjà des figures de telles communautés ? La pastorale impulsée par le mouvement “Église pour le monde” va elle aussi dans ce sens. On retisserait ainsi un vrai tissu ecclésial. Dans de telles communautés, les responsables pourraient être des laïcs spirituellement bien formés, ayant fait une véritable expérience de la rencontre et du cheminement avec le Christ Jésus. L’école ignatienne serait certainement ici d’une certaine utilité. Les diacres auraient aussi toute leur place dans l’accompagnement. La paroisse apparaîtrait alors comme une fédération de “communautés de base” et le rôle du curé serait d’assurer la communion de ces communautés.

Cela ne veut pas dire qu’il conviendrait d’abandonner la pastorale traditionnelle. Bien au contraire, celle-ci en ressortirait enrichie. Prenons un exemple. Aujourd’hui, des parents non pratiquants demandant à leur paroisse géographique le baptême pour leur enfant sont généralement bien accueillis et accompagnés dans leur démarche. Mais, une fois la célébration passée, le contact se rompt et ne se restaurera plus que ponctuellement, dans le meilleur des cas. Dans un contexte renouvelé, ils pourraient être accompagnés par des personnes plus proches, avec qui ils tisseraient des liens dans la durée, ce qui donnerait à leurs yeux un visage à l’Église, ne la faisant plus apparaître comme une entité impersonnelle.

Ainsi, l’épidémie ne peut-elle pas avoir un effet bénéfique pour notre Église en nous amenant à renouveler notre pastorale pour bâtir une véritable communauté fraternelle de croyants ?

https://www.la-croix.com/Debats/lepidemie-Covid-19-restaurer-leglise-2021-01-11-1201134237

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