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samedi, 29 janvier 2022 22:27

Comment va l'école ?

Écrit par

Edith Tartar-Goddet, présidente de l'Association Protestante pour l'Education et l'Enseignement, qui a été membre du comité de rédaction de notre revue "Lignes de crêtes" nous invite à découvrir, dans l'hebdomadaire protestant d'actualité "Réforme" du 27 janvier 2022 (numéro 3931), un article intitulé "Comment va l'école ?" à travers lequel elle nous propose une analyse du monde de l'enseignement dans la période actuelle marquée par la Covid-19.

Écrire sur l’école, en ces temps d’épreuve sanitaire aux conséquences multiples, est une tâche à haut risque car l’auteure, comme les lecteurs et lectrices, manque du recul nécessaire pour lire et analyser paisiblement les évènements et les situations.

L’auteure de ce texte n’a aucune prétention à l’exhaustivité dans le choix des problématiques abordées ci-dessous, ni en ce qui concerne leur analyse. Les personnels de terrain , les enseignants (du premier et du second degré) consultés sont pour la plupart membres d’associations d’enseignants chrétiens – Chrétiens dans l’enseignement public 1 (CdEP) côté catholique, Association protestante pour l’éducation et l’enseignement 2 (ap2e) côté protestant –, animés par une foi profonde et soutenus par leurs communautés respectives. Leurs témoignages mettent en évidence ce qu’ils et elles vivent au quotidien, les difficultés produites par la crise sanitaire mais aussi les changements et les lignes de force que cette situation révèle et révélera au cours des temps futurs.

Si beaucoup d’élèves sont absents, la classe continue quand même à fonctionner parfois avec six ou sept élèves. Les enseignants recourent à de nouvelles manières d’enseigner, par visioconférence ou classe virtuelle, par exemple ; ce qui leur demande un travail énorme de préparation, sans avoir été ni formés ni accompagnés. Ils sont aussi conduits à s’interroger, par eux-mêmes, sur la façon dont l’élève apprend au moyen de cette technique, à renforcer localement les liens et l’entraide.

Alors que l’institution scolaire peine encore à former les enseignants, et notamment les enseignants stagiaires, à enseigner autrement, ceux et celles qui sont sur le terrain sont en train de gagner en autonomie dans leurs manières d’enseigner vis-à-vis du ministère de l’Éducation nationale, qui a tendance à les « fonctionnaliser » et à les infantiliser.

Besoin de souffler et de prendre du recul

La pression ne cesse d’augmenter en ce début d’année où les messages des rectorats se multiplient pour limiter les réunions et les formations. Les enseignants ne peuvent en effet être remplacés . . . faute de remplaçants. Or les réunions et les formations sont des temps nécessaires pour souffler un peu, pour prendre du recul et s’interroger sur ce que l’on fait, la façon dont on le fait, et éviter ainsi d’être en permanence « le nez dans le guidon », de perdre son sang froid, sa lucidité, son libre arbitre. Les choses vont vite, trop vite. Les personnels scolaires, dont la charge de travail augmente continuellement, n’arrivent plus à tenir leurs engagements . Ils ont l’impression de ne pas avoir le temps de faire correctement leur travail, ce qui provoque chez certains d’entre eux un sentiment de culpabilité dont il faudrait vraiment se dispenser, car il est destructeur en ces circonstances si inhabituelles et anxiogènes.

Les personnels de direction passent, quant à eux, un temps énorme à tenter de suivre les nouvelles directives et mesures qui proviennent du ministère de la Santé, via l’Éducation nationale, à les traduire en langage clair et adapté aux enseignants, aux élèves et à leurs familles. Entre le 3 et le 11 janvier 2022, les directives ont été modifiées trois fois. Comment expliquer aux familles et aux élèves, sans perdre en crédibilité, que la durée d’éviction en cas de positivité au Covid-19 passe pour les enfants, et du jour au lendemain, de 17 jours à 7 en passant par 10 jours ? Comment exiger des professeurs, sans les humilier devant leurs élèves, d’accueillir dans leurs classes les élèves qui étaient « cas contacts » la veille mais qui ne le sont plus dans la nouvelle réglementation du jour ?

Des interdits mouvants , difficiles à respecter

Ces nouvelles règles auxquelles l’école doit s’adapter d’un instant à l’autre contribuent à l’inquiétude générale, font monter le niveau d’incompréhension et d’insécurité : colère des familles qui parlent de la désorganisation administrative de l’établissement que fréquente leur enfant ; trouble intense ressenti par les élèves en difficulté, qui perdent pied et glissent vers la démobilisation ; difficulté pour les adolescents, les élèves de respecter les règles quand les interdits sont mouvants car modifiés en permanence ; rupture des liens amicaux entre enfants vaccinés et enfants non vaccinés ; sentiment d’être mis sous pression en permanence de la part des enseignants ; épuisement des directeurs d’école et des chefs d’établissement...

La volonté de garder l’école ouverte, « quoi qu’il en coûte », car elle est un lieu de socialisation et d’apprentissage collectif (nombreux sont les enfants qui ont eu du mal à travailler et à apprendre par eux-mêmes durant les premiers confinements), est soumis à un dogme collectif, celui du « principe de précaution ». Nous ne pouvons plus tolérer les risques, pourtant inévitables en totalité, aussi l’école multiplie, sous la pression hiérarchique et de manière urgente et mouvante, les règles sanitaires au risque de perdre une fonction essentielle : celle de rester un lieu apaisé et sûr où les enfants peuvent mettre de côté leurs inquiétudes existentielles pendant qu’ils s’instruisent .

1 . www .cdep-asso .org
2 . www .education-ap2e .org

 

Édith Tartar-Goddet
Présidente de l'Association Protestante pour l'Education et l'Enseignement (Ap2e)
Auteure de
La toute-puissance à l’école. Comment la repérer, l’analyser, agir ? (Retz, 2014, 224 p., 21,70 €)

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