Nous avons commencé... Les jours et les semaines passent et la quarantaine se poursuit. On nous dit que ça va se terminer, mais personne n'est sûr de la date. Deux mois que nous la supportons et nous sommes préoccupés par la fin. Nous sommes également inquiets par ce qui va se passer ensuite, car nous nous rendons compte que les choses ne seront plus les mêmes qu'avant. Ce n’est pas en vain que nous avons passé deux mois enfermés dans nos maisons. Pour beaucoup, la réalité est tragique : comment se nourrir quand nous gagnons chaque jour le pain dont la famille a besoin ? Dans de nombreuses familles, il y a des êtres chers qui sont partis pour toujours sans que l’on puisse leur dire "au revoir". Beaucoup ont perdu leur emploi parce que le magasin, l'atelier, l'usine ont été fermés. Le pays est par terre, car les prix du pétrole sont tombés à des niveaux très bas, 330 millions de dollars ont été payés en intérêts sur un prêt du Fonds monétaire au plus fort du bilan national, les riches ont envoyé leur argent dans des paradis fiscaux : pas moins de 800 millions de dollars, et la corruption sévit toujours dans les hautes sphères du gouvernement. Ils veulent maintenant nous contrôler par le biais de nos téléphones portables : pour savoir où nous vivons, où nous allons, avec qui nous communiquons, pour protéger notre santé. S'ils ne l'ont pas protégée jusqu'à aujourd'hui, pourquoi vont-ils la protéger demain ? Ça va mal, très mal. Comment se remettre sur pied un pays, pillé par ses propres autorités et leurs amis du moment ? Comment va se relever une économie complétement anéantie, avec des milliers d'entreprises brisées ? Lorsque le vice-président a vu qu'il ne pouvait pas contrôler la pandémie à partir du gouvernement, il a laissé les municipalités décider quand sortir de la quarantaine. Et le président lui-même a déclaré : "Ma situation m'empêche de sortir sur le territoire. Je suis une personne âgée, physiquement handicapée et avec les problèmes médicaux que cela représente. Les médecins m'ont dit que je pouvais facilement contracter le coronavirus et que je pourrais difficilement le surmonter… "Nous sommes un pays à la dérive, affamé, au chômage, sans argent, sans leader pour nous aider à nous en sortir. Nous ne devons compter que sur nous-mêmes... C'est le défi à relever, consciemment et de manière organisée. Ces deux mois de confinement nous ont également servi à réfléchir, à découvrir l'échec des systèmes qui nous gouvernent. À un moment, nous avons été paralysés par la peur et le désespoir, mais un espoir est né en nous : qu'ensemble nous pouvons nous lever, nous épauler et accepter que ce sera une longue et dure lutte pour retrouver la patrie et recommencer à vivre et à coexister comme Dieu le demande. Ce sera possible si nous avons déjà commencé à vivre différemment. Pendant la rareté, nous avons prouvé que nous pouvons manger plus sainement avec des légumes et des fruits. Comme il n'existe pas de médicaments efficaces contre le coronavirus, nous avons essayé les citrons, le gingembre, les herbes médicinales, les aimants et de nombreuses médecines traditionnelles ou alternatives. Il y a eu des signes et des gestes de partage et de solidarité entre nous, petits peut-être mais réels, qui ont redonné le sourire, nourri l'amitié et fait grandir l'espoir. Nous avons découvert que nous pouvons vivre sans acheter des choses inutiles ou superflues. Nous avons aussi prié, pratiqué des dévotions oubliées, lu la Bible, redécouvert Jésus, plus proche de nous, et Dieu, comme le grand mystère de la vie et de l'amour. Nous nous sommes demandé ce qui est le plus important en ce moment, la priorité à ne pas perdre, l'essentiel à ne pas lâcher... Nous commençons à être sûrs que demain nous ne pourrons pas vivre comme hier, mais nous pourrons le faire, en gardant les choses importantes que nous avons vécues sans nous en rendre compte... parce qu’autrement, nous serons dans une situation pire, très mauvaise : une vie sans vie, des relations sans amour. Et l'existence individualiste, consumériste et désorganisée deviendra une pandémie pire que le coronavirus. Demain doit être une nouvelle aube, un nouveau jour, une nouvelle naissance, une nouvelle humanité. Nous avons commencé : nous devons continuer, améliorer, renforcer les nouveautés que nous vivons et redécouvrons. Nous ne pouvons pas revenir en arrière car le faire serait la maladie, la mort et le cimetière... s'il y reste de la place ! Dieu nous a créés pour autre chose : une vie pleine fondée sur le partage, une simple fraternité fondée sur la solidarité, une foi au goût du bonheur, un pays plus égalitaire où nous aurons toutes et tous une place. Saurons-nous offrir à Dieu ce plaisir ? Car "si la chaise de Dieu est vide, le diable l'occupe" ! Traduction Marie-José Acosta |
Nouvelles des Philippines Aux Philippines, l'ensemble du territoire de Luzon, y compris la région métropolitaine de Manille, est bouclé, plus 18 provinces dans tout le pays, afin d'empêcher la propagation du virus. La quarantaine communautaire a commencé le 16 mars dernier, deux semaines avant la fin de l'année scolaire. Elle a duré jusqu'au 15 avril, puis a été prolongée jusqu'au 30 avril. Maintenant, du 1er au 15 mai. Luzon et la région de la capitale restent en quarantaine communautaire renforcée, tandis que d'autres zones densément peuplées comme Tundo et Manille sont en confinement sévère, totalement bouclées, elles sont en quarantaine totale. Chaque coin ou extrémités des rues est surveillé par des militaires. Les différents niveaux de confinement sont fondés sur le comportement des gens au moment de la première vague de confinement. Dans les provinces et les espaces ruraux les gens sont plus disciplinés et ils ont compris la gravité et la menace du Covid 19. Cependant, il y a des gens qui ont l'habitude de faire ce qui leur plaît. Malgré les mesures de distanciation physique ils continuent à faire juste ce à quoi ils sont habitués malgré l'explosion du virus. Au début du confinement, seulement quelques personnes infectées par le virus ont été dénombrées et le nombre de morts restait dans les unités. Maintenant, le 4 mai,le Département de la santé a rapporté que le nombre total de cas dans le pays s'élève à 9 223. Le nombre de guérisons à ce jour est de 1 214. Le nombre de morts est de 607 soit 6,58% du nombre total des cas. Le but visé est de réduire le pourcetage des décès à moins de 1%. Mais avec cet ennemi invisible qui attaque même les personnels médicaux et les soignants, le nomre de cas de Covid 19 ne cesse d'augmenter. L'Institut de recherche pour la médecine tropicale, qui dispose de laboratoires capables et certifiés pour effectuer les tests COVID-19, a indiqué que 43 de ses employés de laboratoire testés étaient positifs au virus. Parmi ceux qui ont été testés positifs se trouvaient deux membres du personnel âgés de 60 ans et plus. Les tests et la recherche des contacts sont en cours pour avoir une idée plus précise de la manière dont le virus a atteint l'établissement et pour répondre aux besoins médicaux des patients. Le Comité de prévention et de contrôle des infections et le Bureau de sécurité de la RITM ont également publié des directives plus strictes afin de réduire le risque d'une nouvelle propagation de l'infection. Ils accomplissent de grandes tâches pour la nation, mais ils sont également vulnérables à l'infection par COVID-19. Le directeur de l'institut a admis que l'épidémie de COVID-19 "est l'une des plus difficiles" qu'ils aient affrontées. "Il est difficile de combattre un ennemi dont on ne sait pas grand-chose", a-t-il expliqué. Partout dans le pays, les gens se battent pour trouver des produits de première nécessité à cause du corona virus . Les rapports et directives sanitaires ne cessent de changer quotidiennement. Après l'interdiction des rassemblements de masse, il n'y a plus eu de célébrations eucharistiques ni d'autres activités. Cependant, les fidèles pouvaient toujours regarder les messes, car les médias sociaux de l'Église diffusent Radio Veritas 846, et TV Maria diffuse des messes et d'autres activités religieuses. D'autres diocèses et prélatures ont diffusé la messe du dimanche par le biais de la radio. Le gouvernement des Philippines fait son travail pour sécuriser la santé des gens mais des cas de Covid 19 continuent à se déclarer. L'Église tient compte des appels du gouvernement pour la sécurité générale. Les chefs de l'Église coopèrent pleinement avec le gouvernement dans cette période de crise nationale. Cependant avec l'aspect martial et autoritaire des directives, assurées par la police et les militaires pour la réalisation du confinement, les gens perdent espoir. Ils ressentent de la peur et de l'incertitude. Ceux qui ont perdu des êtres chers à cause de l'épidémie ressentent douleur, chagrin et souffrance. Certains peuvent être tentés par des accès de désobéissance aux règles de la quarantaine, mais utiliser le prétexte de la désobéissance aux règles pour arrêter ceux qui se consacrent à la distribution de l'aide aux pauvres semble hors de question. Comment les Philippins vivent-ils cette crise ? Quel est l'impact de la crise sur les pauvres qui vivent de leur travail au jour le jour ? Malgré les restrictions de la quarantaine communautaire renforcée (ECQ), des gens à l'esprit civique ont bravé la loi pour tendre une main secourable et s'engager dans la distribution de nourriture à des familles vivant dans les régions rurales. La pandémie de Covid 19 est pour eux une occasion d'aider les familles pauvres qui vivent avec le gain de chaque jour et aux groupes de travailleurs qui appartiennent aux catégories des "sans travail, ni salaire" ainsi qu'aux personnes âgées. Nous avons été touchés par leurs efforts. Ces bonnes actions ont fait naître l'espoir que bientôt le Covid 19 prendra fin. L'esprit de Baryanihan s'est éveillé parmi les Philippins du secteur privé. Ils envoient des colis PPE (Equipement Personnel Protecteur) et d'autres fournitures médicales parce que les hôpitaux privés souffrent aussi d'un manque de PPE. Des propriétaires de chaînes alimentaires donnent de la nourriture, et les Kuyas (grands frères), livreurs sont aussi en première ligne ; des propriétaires de chaînes hôtelières offrent le logement gratuit parce que nous avons du mal à rentrer chez nous ; des propriétaires de bicyclettes prêtent gratuitement leurs bicyclettes ; des épiciers établissent une file prioritaire pour que nous, les bénévoles, nous ayons plus de temps pour nous reposer après le travail ; il y a aussi des gens qui continuent à prier pour nous et pour notre sécurité et, bien sûr, tous ceux qui font de leur mieux "en restant chez eux". Nous applaudissons et remercions les hommes et les femmes qui partagent généreusement leurs ressources avec les plus vulnérables. Le projet Ugmayan mené par des grands groupes d'affaires de différentes industries a également aidé à couvrir les besoins en nourriture des gens - ceci en coopération avec la Fondation Philippine de Résilience aux Catastrophes et Caritas Manille. Des prêtres et des bénévoles font du porte à porte pour distribuer des Bons P1000 : dons d'épicerie aux communautés pauvres de la grande région métropolitaine de Manille. Des canaux de distribution ont été développés en partenariat avec ABS CNB, une des principales chaînes de télévision du pays, la Banque de Développement Asiatique, le "Bayan Bayanihan" du gouvernement, et le programme alimentaire Johibu. Le nom global de cette initiative est le Programme "Pantawid ng Pagibid" (Pont d'Amour"). Cette initiative a aidé à couvrir les besoins des familles pauvres et de ceux qui ne peuvent gagner de l'argent à cause du confinement. Maintenant, ABS-CBN est obligé de s'arrêter. La Commission nationale des Télécommunications a ordonné à ABS-CBN de cesser ses émissions. Quant aux Équipes Enseignantes, l'esprit d'entr'aide s'y manifeste le plus. Un "chat" de groupe a été créé par les responsables de l'Équipe Centrale. Chaque équipe a l'initiative de montrer sa solidarité et son souci des voisins les plus pauvres dans leurs communautés respectives en partageant de la nourriture et d'autres biens avec des voisins dans le besoin. Les membres d'Équipes vivant dans la même communauté se sont mis d'accord pour soutenir cette initiative d'aider les autres dans leur vooisinage. Nous traversons des temps difficiles . Nous nous unissons dans la prière et nous rejoignons le monde par la prière. Nous demandons sincèrement à Dieu de délivrer notre monde, notre pays et la communauté de la pandémie Covid 19. On encourage les gens à prier pour que la pandémie s'arrête. Les cloches des églises sonnent à midi et à 20 heures tous les jours pour inciter les gens à prier "Oratio Imperata" pour combattre le virus envahissant. Bien que certains puissent avoir une certaine réserve par rapport à cette action, beaucoup de personnes croient que seul Dieu a le pouvoir d'empêcher à la pandémie de s'étendre. (Cela m'a pris plus longtemps d'envoyer ce courriel parce que notre connection internet est mauvaise et que les cafés internet sont tous fermés). Rosalinda |
1/ LE MENSONGE INFECTE PLUS QUE LE CORONAVIRUS De plus en plus, nous prenons conscience de la manipulation et de la naïveté liées à cette épidémie de grippe. Ce n'est pas qu'il faille la négliger, mais lui donner l'importance qu'elle mérite, ni plus ni moins. On pourrait mettre dans le panier de la naïveté les alarmistes, les individualistes, ceux qui ne s'intéressent pas à la politique, ceux qui n'analysent pas la réalité locale et mondiale, ceux qui remplissent leur réfrigérateur par peur de la fin du monde, etc. Regardez comment les grands laboratoires se frottent les mains et sautent de joie sur leurs comptes bancaires, comment les gouvernements profitent de la situation pour prendre des décisions en catimini (pas de masques, mais des chevrotines pour tuer les manifestants !) Un indigène dit que "le coronavirus est une maladie des blancs"... Bien sûr, si les "blancs" n'étaient pas touchés, il n'y aurait pas autant de bruit d'ordinateur. Dans les pays pauvres, des centaines de personnes et même des dizaines de milliers meurent chaque semaine de faim, de guerres et de maladies curables : où sont les médias pour nous choquer, nous effrayer et faire pression ? La rougeole, le cancer, les maladies catastrophiques et la même grippe dont nous souffrons tous à un moment donné, tuent plus de gens que les coronavirus. Pourquoi ne pas organiser des campagnes pour dénoncer le manque de combativité des laboratoires pharmaceutiques qui pourraient supprimer ou du moins réduire beaucoup ces maladies ? Le pape François nous dit que "la troisième guerre mondiale a commencé, en morceaux". La guerre chimique est en cours et les laboratoires gringos, européens, russes et chinois travaillent 24 heures sur 24 pour perfectionner l'efficacité mortelle des virus et ainsi tuer plus ‘d'ennemis’... Comment ça, ils ne vont pas utiliser ces virus pour tester leurs massacres ? Il semble que le coronavirus ait échappé à leurs mains, comme la "vache folle", la grippe aviaire et porcine, l’Ebola (là en Afrique, en raison de l'extrême pauvreté de masse, il est plus efficace !) et combien d'autres. Ne l'ont-ils pas fait exploser en Chine parce que les Chinois sont déjà devenus la première puissance économique et numérique au niveau planétaire ? Peut-être serait-il bon de se rappeler ce que, en son temps, Jésus a dit à propos de la destruction de Jérusalem et de la fin du monde : "N'ayez pas peur ! N'y prêtez pas attention ! Soyez vigilants : Ne tombez pas dans l'insouciance, la boisson ou les préoccupations mondaines", et aussi le livre de l'Apocalypse : "Regardez : Je frappe à votre porte. Si vous l'ouvrez, j'entrerai, je m'assiérai à votre table et nous dînerons ensemble". C'est la plus grande vigilance que nous devrions avoir : Dieu veut venir dîner avec nous tous les jours pour une vie commune heureuse, simple et libératrice... Mais nous sommes occupés par tant de choses très secondaires qui nous cachent l'essentiel : la fraternité, le partage, la solidarité, la communion avec Dieu... Combien d'égoïsme et de rivalité sont déjà à l'origine de ce coronavirus parmi nous ! Et nous laissons le bonheur passer par l'amitié offerte, par une vie plus communautaire, plus saine, plus simple... car l'individualisme, l'agressivité, le consumérisme, les vices... sont bien la fin de nous. 2/ L'ÉTREINTE DE L'ANACONDA Ha, Ha ! On a peur de penser à cette étreinte de mort… L'Amérique latine est noyée dans l'étreinte de l'anaconda : Honduras, Équateur, Colombie, Brésil, Chili, Paraguay... pour ne citer que quelques pays. Aujourd'hui, en Équateur, nous subissons cette noyade progressive et mortelle. Nous discutons toujours pour savoir si les dix années de la Révolution citoyenne avec le président Rafael Correa ont été une décennie gagnée ou perdue. C'est le grand conflit entre les "Correístas" et les "anticorreístas", avec tous les grands médias qui distillent un anticorreísmo viscéral et permanent. Rafael Correa pratiquait un capitalisme social marqué par de grandes ruptures en faveur de la majorité des Equatoriens. Le "socialisme latino-américain du XXIe siècle" est resté une proclamation de campagne. La réalité est celle d'un capitalisme social : les riches continuent à gagner beaucoup d'argent, mais la pauvreté diminue de 20 points. Oui, le gouvernement Correa a poursuivi ses adversaires les plus acharnés et les plus calomnieux. En revanche, il ne savait pas comment intégrer les propositions du Mouvement indigène ou des organisations sociales et syndicales. De grandes réalisations parlent en sa faveur : une meilleure répartition des richesses nationales, une amélioration sans précédent de la santé, de l'éducation, de la sécurité sociale, des canaux de communication, de l'attention portée aux personnes en situation difficile. Plusieurs ruptures historiques sont apparues au cours de ces 10 années : le déplacement de l'oligarchie nationale qui a cessé de contrôler l'État, les riches ont payé des impôts, les grands médias se sont opposés à la création de médias d'information publics, le salaire minimum a été doublé, le gouvernement des États-Unis a cessé d'être le parrain obéi, le peuple ordinaire a retrouvé son estime de soi, le tourisme national et international a été favorisé, et l'intégration latino-américaine a été promue comme jamais... Lors de l'élection présidentielle de 2017, le candidat de la Révolution citoyenne, le parti de Rafael Correa, Lenín Moreno, a remporté 36% des voix au premier tour, malgré le fait que tous les autres partis étaient contre lui. Actuellement, les sondages donnent à Correa plus de 40% d'opinions favorables. Face aux élections de 2021, le gouvernement actuel cherche toutes les astuces pour éliminer Rafael Correa de toute candidature et empêcher son parti de participer à ces élections. Le gouvernement de Lenín Moreno a marqué le début d'une trahison honteuse : la nuit même où il a remporté les élections, Lenín Moreno a fait un pacte avec la droite traditionaliste qui avait perdu aux élections ! Puis vint un dialogue national qui n'était rien d'autre qu'une série de pactes avec l'oligarchie pour annuler leurs dettes, supprimer les impôts, leur donner la liberté de vendre leurs devises, leur accorder de gros prêts, privatiser de grands secteurs stratégiques en leur faveur... et persécuter les militants correístas, d'emprisonner le vice-président de la République sans autre preuve... Puis, après la farce anticonstitutionnelle d'une consultation populaire truquée, une commission de personnalités oligarchiques fut nommée laquelle détruit toutes les avancées sociales, ouvrières, économiques et institutionnelles qui favorisaient les classes moyennes et populaires, en particulier la jeunesse. L'économie du pays a été confiée au Fonds monétaire international, ce qui permet aux riches de s'enrichir au détriment de l'appauvrissement de la majorité. La politique est redevenue obéissance aux intérêts des États-Unis et soumission aux grandes multinationales. L'augmentation de la pauvreté, le chômage massif et la marginalisation des organisations indigènes, populaires et syndicales sont des réalités évidentes. Cette situation de néocolonialisme a explosé avec le soulèvement national d'octobre dernier. En octobre 2019, un soulèvement populaire a forcé le gouvernement à annuler l'augmentation de 30 % du prix des carburants. Les transporteurs ont été les premiers à protester, mais ils ont arrêté toutes les manifestations après s'être mis d'accord avec le gouvernement sur les avantages économiques. Le mouvement indigène, les organisations populaires, les syndicats, les paysans et les personnes vivant en marge des grandes villes, en particulier les jeunes et les femmes, ont pris le relais des protestations. La véritable information passait par les réseaux sociaux. Après 13 jours d'affrontements avec la police et l'armée qui ont fait 12 morts, 1200 prisonniers et 1300 blessés, le gouvernement a accepté un dialogue avec le mouvement indigène qui ne demandait que le retour du prix de l'essence à son niveau antérieur. Le gouvernement a été sauvé et le Fonds monétaire international et l'ambassade des États-Unis continuent de gouverner le pays. Nous nous retrouvons avec une "révolution inachevée" face aux élections présidentielles de 2021, avec des organisations sociales affaiblies, une population sans plus grande conscience politique, une jeunesse étourdie par le consumérisme et la technologie numérique, une corruption généralisée et impunie, un clergé loin des pauvres, et une oligarchie à l'affût pour préserver et accroître ses privilèges. L'anaconda néolibéral ne veut pas lâcher son sac d'étreinte. Nous devons attendre contre beaucoup de désespoir et se battre pour construire une citoyenneté qui prenne en main les destinées d'une patrie blessée. 3/ CUBA EN SOLIDARITÉ POUR LE CORANAVIRUS, Pedro Pierre. Alors que tous les pays ferment leurs frontières et que M. Trump veut avoir l'exclusivité du vaccin allemand contre le coronavirus, "Cuba autorise l'accostage du bateau de croisière britannique MS Braemar avec cinq cas confirmés de covid-19". Cuba ouvre son pays - dont la frontière n'est pas fermée ! - "compte tenu de l'urgence de la situation, dit le gouvernement cubain, et du risque pour la vie des personnes malades". Le Cuba de Fidel et Che Guevara, le Cuba communiste, le Cuba dictatorial, le Cuba bloqué criminellement et économiquement depuis plus de 50 ans par les gouvernements des États-Unis, le Cuba censuré par les grands médias commerciaux internationaux, le Cuba diabolisé ! Combien ont entendu la nouvelle ? Et aussi, qui a entendu que "Cuba met en avant sa capacité à produire des médicaments contre le Covid-19", "des médecins cubains rejoignent le Venezuela pour contenir le coronavirus", "l'Italie recrute des médecins de Cuba, du Venezuela et de la Chine pour lutter contre le coronavirus" ? Et nous savons tous qu'en Équateur, le gouvernement a renvoyé les médecins cubains de son territoire ! ... surement par ‘l’amicale invitation’ du gouvernement gringo. Malheureusement, nous savons que le gouvernement des États-Unis a décrété qu’aucune "bonne nouvelle" peut venir de Cuba ou du Venezuela. Triste réalité !... alors que la réalité est différente. On se demande où est la perversité. Le bateau de croisière britannique "MS Braemar" est ancré dans la mer des Caraïbes près des îles Bahamas depuis février dernier, car ni les États-Unis, ni l'Amérique centrale, ni l'Amérique du Sud ne l'ont autorisé à accoster dans leurs ports. On constate le manque de solidarité et la faiblesse des systèmes de santé nationaux dans ces pays, les États-Unis inclus, dont le président se prétend le sauveur de l'humanité ! Plus de 1000 passagers sont à bord du Braemar, dont des passagers du Canada, d'Australie, de Belgique, de Colombie, d'Irlande, d'Italie, du Japon, des Pays-Bas, de Nouvelle-Zélande, de Norvège et de Suède. Le gouvernement cubain a conclu un accord avec le gouvernement britannique pour transférer les passagers dans un aéroport afin qu'ils puissent se rendre en Grande-Bretagne en toute sécurité. Il est frappant de constater que les "pères" des premiers envahisseurs américains ont accepté l'aide des Cubains : un bon coup porté à leur fierté congénitale. Il y a de nombreuses leçons à tirer de cette solidarité cubaine. Ceux d'entre nous qui connaissent Cuba savent qu'elle est solidaire de l'Amérique latine et de l'Afrique. Nous savons également que le système de santé cubain - je crois l'avoir lu il n'y a pas si longtemps dans un texte des Nations unies - est le plus efficace au monde. Ils sont aussi les premiers ou parmi les premiers en biotechnologie, en sport, en culture, en éradication de la misère... Mais tout cela doit être réduit au silence car l'Occident capitaliste a décidé de le diaboliser pour que personne n'ose imiter ou suivre les Cubains et leur système de gouvernement. Il faut lire ou relire, en ces temps de quarantaine, le livre du dominicain brésilien Frei Betto intitulé "Fidel et la religion" pour se faire une idée du communisme humanitaire qui règne dans ce pays. Dans le Cuba de Fidel, il n'y a pas eu de morts parce qu'ils sont chrétiens ! Quel dommage aussi que les chrétiens ne soient pas identifiés à la solidarité mais à la prière, à la messe, au frottement des pieds des saints, à la lecture assidue de la Bible et aux applaudissements abondants ! Le seul commandement de Jésus est que "nous devons nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés". Dans ce cas, les Cubains nous donnent une leçon d'humanité et de christianisme, car selon la parabole du jugement final : ils entrent dans le Royaume, dans la vie et pour toujours, "ceux qui visitent et aident les malades parce qu'ils le font à Jésus lui-même". Revoyons donc notre qualité humaine et notre christianisme ! Et remercions les Cubains, bons samaritains, pour leur valeur humaine et leurs gestes de solidarité internationale, d'éthique assez rare en ces temps : ils nous disent avec des faits "qu’un autre monde est possible", urgent et nécessaire. 4/ LES CEB : UNE ÉGLISE APPELÉE ‘ESPOIR’ "Simple église, semence du Royaume. Belle église, cœur du peuple" : c'est ainsi que nous définit l'un de nos chants dans les Communautés ecclésiales de base (CEB). La semaine dernière, une rencontre continentale de 10 jours de l'Église des pauvres en Amérique latine s'est terminée à Guayaquil. Nous étions des Communautés Ecclésiales de Base, plus de 250 participants de 16 pays, avec des Latinos des États-Unis inclus. Nous avons exprimé nos cris et nos espoirs, nos dénonciations et nos protestations, notre spiritualité et notre engagement social. C'était une expérience de foi et de partage d'expériences de la réalité exagérément violente et déshumanisante de notre continent... La pandémie de coronavirus nous montre combien nous sommes impuissants face à cette maladie, par un système qui ne prend en charge que 1% de la population mondiale au prix de 99%. La devise de la Rencontre était : "À l'écoute des cris de la Terre et des pauvres, nous défendons la vie et promouvons le Royaume". En fait, cette rencontre a rassemblé trois groupes différents : des jeunes CEB, des adultes CEB et des conseillers CEB. Quatre évêques d'Amérique latine nous ont accompagnés pendant ces journées. Ces rencontres continentales ont lieu tous les quatre ans. La première a eu lieu à Volta Redonda, au Brésil, en 1980. La seconde a eu lieu à Cuenca en 1984. Rappelons que les CEB sont nés au Brésil dans les années 1950, soit environ 10 ans avant le Conseil, et se sont répandus dans toute l'Amérique latine, ainsi qu'en Afrique et en Asie. Les différentes réunions épiscopales latino-américaines ont toujours confirmé les CEB, mais la majorité des évêques ne l'ont pas fait. Ils sont définis comme "le premier noyau fondamental de l'Église à la base de la société" : nous sommes "l'Église entière", la sœur de la paroisse qui a perdu beaucoup de son dynamisme au fil des siècles. Lors de cette rencontre latino-américaine, une quarantaine de jeunes qui composent les CEB de 11 pays du continent se sont réunis pour la première fois. Puis ce fut le tour d'environ 200 personnes des CEB adultes d’environ 16 pays d'Amérique latine. Qu'ont-ils dit ? Voici leurs propres mots. D'abord ceux des jeunes : "Nous, les jeunes pauvres, nous nous sentons partout marginalisés : nous voulons une transformation sociale et ecclésiale maintenant. Je suis cette Terre, je suis ces gens, je suis ma mémoire et je suis cette histoire. Nous sommes des artisans du Royaume en communauté. L'Amazonie nous dit que tout et tout le monde est interconnecté : nous sommes la terre, l'air, l'eau et le feu, dans l'unité du cosmos entier. Nous allons réaliser les rêves que Dieu nous offre, les rêves du pape François. Ma main pour mon frère : ta main avec la mienne pour la vie. Mettez la graine en terre sans vous soucier de la récolte". Les adultes ont dit : "Une violence incroyable, une ténacité incroyable, une résurrection incroyable. Des différences ethniques bénies qui nous enrichissent et qui sont un don de Dieu ! Nous sommes le réveil de l'Église des pauvres à la manière de Jésus. Les cris sont innombrables dans tous les pays : ce sont de nouveaux psaumes qui crient à Dieu à la fois le désespoir et la confiance. Ils sont la voix de Dieu qui dit : "Assez ! Les CEB ne sont pas là pour aider les paroisses : ils sont au service de la construction du Royaume, pour lequel Jésus est venu. Les prêtres et les évêques ne savent pas comment travailler avec les CEB car ils n’ont pas appris à travailler en communauté ni avec les pauvres. La spiritualité des CEB consiste à reconnaître Dieu dans la vie quotidienne. Avec les CEB, nous passons d'une Église dépendante de l'Europe et colonialiste, à une source et une voie pour l'Église universelle. Le pape François nous confirme sur la voie d'une Église synodale, c'est-à-dire égalitaire, participative et solidaire. Il ne s'agit pas de convertir qui que ce soit, mais de vivre les valeurs de Jésus avec tous les hommes et femmes de bonne volonté. La participation à la vie sociale et politique est indispensable. Il est nécessaire d'accompagner le changement de système par une conversion personnelle car nous soutenons nous-mêmes le système qui nous appauvrit. Nous devons répondre à deux défis : la souffrance humaine et la perte du sens de la vie. Nous continuerons à nous occuper de la Maison commune, de l'économie populaire, des soins de santé alternatifs, de la participation sociopolitique et de la formation... " Lors de cette rencontre, nous avons senti que ce que Jésus avait dit s'accomplissait : "N'aie pas peur, petit troupeau ! Il a semblé bon à votre Père de vous révéler les secrets du Royaume". Pedro Pierre |
Équipes Enseignantes du Sénégal (E.E.S.) Dakar, le 01 avril 2020 Aux Équipes de base, Nous, Équipes Enseignantes du Sénégal (EES), Face à la pandémie qui sévit dans notre pays, Invitons les différentes Équipes de Base de suspendre toute activité de rassemblement, conformément aux appels des autorités religieuses et étatiques. Par ailleurs, Aux autorités administratives et sanitaires, Par la même occasion, nous incitons les populations à pérenniser les bonnes habitudes que nous impose la grande offensive contre le Covid-19 afin que, après ce "cauchemar", l’humanité puisse continuer à vivre dans un environnement sain et à profiter ainsi des merveilles de la nature. C’est seulement de cette manière que notre "Maison commune" sera vivable et que nous pourrons montrer à Dieu notre reconnaissance pour la création que sa Bonté nous a accordée. Nous restons en union de prière avec toutes les communautés et supplions le Dieu d’Amour de montrer Sa miséricorde à l’humanité angoissée. Pour les Équipes Enseignantes du Sénégal (EES) |
Suzanne, Un grand merci pour nous avoir transmis les communications de Lidia et de Mari Carmen. Ici, en Inde, la situation ne semble pas s'améliorer. Nous sommes tous confinés dans nos maisons. Il y a aussi beaucoup d’émigrés du Bangladesh et du Népal qui essaient de rentrer dans leur pays, mais sont arrêtés aux frontières. Les contaminations sont difficiles à repérer, car un bon nombre de personnes préfèrent ne pas révéler qu’elles ont les symptômes du virus. On a peur d’être mis en quarantaine. Le gouvernement distribue de la nourriture aux personnes qui vivent dans la rue, ou les héberge dans des écoles ou des salles publiques. L’engagement de nos Équipes se concrétise dans des actions individuelles où des familles partagent la nourriture avec les voisins qui vivent dans le besoin. Un certains membres d'Équipiers font "l’école à la maison" avec leurs enfants. Avant-hier, un évènement a créé un tollé à travers le pays. Alors que toute l’Inde essaie d’enrayer cette pandémie, plus d’un millier de musulmans se sont rassemblés en foule à Delhi, allant à l’encontre des directives données par le gouvernement d’éviter de telles rencontres. Tu peux t’imaginer comment il est difficile dans un pays comme l’Inde, qui est surpeuplé avec plus de 1,3 milliard d’habitants, de demeurer à distance les uns des autres, surtout dans les grandes villes. Nos Equipes communiquent par l’entremise de What’sApp ou par courriel. Nous avions prévu d'organiser notre prochaine rencontre annuelle en mai sur "la protection de l’environnement", mais je crois bien que les responsables vont bientôt décider de l’annuler. J’attends une communication de la part de Jacinta. Que le Seigneur aide toute l’humanité à surmonter cette épreuve. Bien amicalement, Hervé |
Lidia, déléguée d'Amérique latine le 26 mars 2020 Bref rapport sur les événements liés à la contingence virale. Notre planète subit des changements accélérés et maintenant, avec le coronavirus, les actions des pays pour protéger les citoyens ont été modifiées. En Amérique latine et dans les Caraïbes, des mesures ont été prises pour protéger les personnes à domicile par la mise en quarantaine. Dans certains pays, des actions sociales ont été ordonnées pour éviter la contagion pendant 15 jours. Dans d'autres pays, le mandat porte sur un mois de confinement dans les lieux d'habitation. Il a été demandé aux enseignants de fournir des guides pour les travaux scolaires à faire à la maison, d'autres via Internet, whatsapp ou e-mail, en particulier ceux des universités. Dans le domaine de l'éducation de base, plusieurs actions électroniques et téléphoniques ont été menées afin d'assurer la révision du contenu des programmes et d'autres nouveaux contenus. Les cas de contagion ont été moins nombreux qu'en Asie et en Europe selon les informations télévisées et radiophoniques. La communication avec les membres des Équipes s'est faite principalement par le biais de whatsapp. Trop d'images prennent les événements très au sérieux et de manière formelle, tandis que d'autres le font avec beaucoup de plaisanteries. Les membres des Équipes commentent de manière succincte par whatsap ce qui se passe dans leur pays. Les gouvernements, avec leurs politiques, ont envisagé des actions telles que les couvre-feux en Colombie par exemple. Les plus remarquées ont été celles des Cubains qui collaborent avec des brigades de médecins dans certains pays. Le secteur de la santé s'inquiète des événements par manque de médicaments et du peu d'attention portée à de nombreuses personnes. Dans le domaine de l'éducation, le Mexique a donné l'indication de 30 jours sans cours et a indiqué qu'il s'agissait de vacances avancées. Bien qu'il ne s'agisse pas de vacances, dans tous les pays le confinement est établi à domicile. Dans certaines équipes, la tristesse est due au fait que certains membres des Équipes sont morts (mais pas à cause du virus). Lidia Flores |