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mardi, 06 juin 2017 08:14

Les migrants à travers le monde

Écrit par

Dialogue et Coopération, lors de sa dernière AG, s’est penché sur la question des migrants vue de plusieurs points du globe.
Une analyse fine de la situation à travers le monde…

Rappelons les idées fortes et l’attitude du Pape François face à l’émigration ; celles-ci ayant été réaffirmées et complétées lors de sa conférence de presse donnée le 1er novembre 2016, à bord de l’avion qui le ramenait de Suède.

Même si son indignation reste intacte quant à la situation générale des migrants, on a pu remarquer, alors qu’il était interrogé sur l’accueil que la Suède réservait aux réfugiés, que le pape François a, pour la première fois, affirmé qu’il était du devoir des gouvernants d’observer une certaine “prudence”, et de procéder à des “calculs ” afin d’évaluer avec justesse le nombre de migrants que leur pays est en mesure d’intégrer, sous peine de le “payer politiquement”.

La montée en Europe des mouvements politiques hostiles aux migrants (Hongrie, Pologne et autres pays d’Europe Centrale ou de l’Est), le revers électoral d’Angela Merkel début septembre 2016 en même temps que la poussée de l’AFP (parti néo-nazi) en Allemagne et l’atmosphère xénophobe qui entoure le Brexit ne sont pas pour rien dans cette inflexion du discours du Souverain Pontife.

Dès son élection, le pape François a fait de la crise migratoire actuelle l’un des thèmes centraux de son pontificat et du migrant. La figure autour de laquelle s’articulent aussi bien sa critique du système économique mondial que son discours sur l’écologie. Déjà en juillet 2013, alors qu’il était élu depuis 4 mois, il avait dénoncé des rives de Lampedusa “la mondialisation de l’indifférence” face aux drames répétés et la mort de nombreux migrants. “On ne peut tolérer que la Méditerranée devienne un grand cimetière”, avait-il lancé en novembre 2014 aux députés européens. À plusieurs reprises, il a qualifié ce phénomène migratoire de “plus grande catastrophe humanitaire depuis la seconde guerre mondiale”.

Inlassablement, depuis 3 ans, le pape François n’a cessé de demander aux gouvernements européens de faire davantage pour accueillir les réfugiés et aux peuples de surmonter les inévitables “peurs” que fait naître ce flux. C’est à cette condition, insiste-t-il, que l’Europe sera fidèle à son histoire et à sa vocation. “L’Europe s’est faite par les migrations”, a-t-il répété le 1er novembre dernier. Il a appelé les catholiques à montrer l’exemple en demandant à chaque paroisse européenne d’accueillir une famille de migrants. Il a appelé aussi à prier pour l’accueil des réfugiés, “afin que les pays qui accueillent les réfugiés et déplacés en très grand nombre soient soutenus dans leur effort de solidarité”. Jusqu’alors, le pape François refusait de distinguer l’accueil des réfugiés de celui des migrants économiques. À ses yeux, tous étaient également poussés par la nécessité.

Pour la 1ère fois, dans son discours du 1er novembre 2016, il a établi une distinction entre les deux situations. “Le migrant doit être traité avec certaines règles parce que migrer est un droit mais un droit très encadré. À l’inverse, être réfugié est dû à une situation de guerre, d’angoisse, de faim, une situation terrible, et le statut de réfugié nécessite plus d’attention, plus de travail” Cette différentiation rejoint le point de vue des États européens qui ne réservent pas aux migrants et aux réfugiés les mêmes droits ni les mêmes conditions d’accueil dans leurs systèmes juridiques.

Cette déclaration rassurera certains catholiques qui ont pu se sentir en désaccord avec cette politique de la porte ouverte à tous.

Le pape François a aussi mis l’accent, le 1er novembre 2016, sur la nécessité pour les États de s’assurer de leur capacité d’intégration. Ce thème avait déjà été abordé en avril 2016, à son retour de l’île grecque de Lesbos, tandis qu’il ramenait à Rome trois familles syriennes, musulmanes à bord de son avion. Il avait demandé aux pays européens de muscler leurs politiques d’intégration, faute de quoi ils couraient le risque de laisser se constituer des ghettos, terreau d’où étaient sortis certains “terroristes”.

Mais encore sous le coup de l’émotion ressentie en visitant quelques heures auparavant, le camp de réfugiés de Moria, il exhortait l’Europe à ne pas se retrancher derrière les “murs”.

“Je crois qu’en théorie, on ne peut fermer son cœur à un réfugié, mais il faut aussi la prudence des gouvernants", a-t-il développé. "Ils doivent être ouverts à les recevoir, mais aussi calculer comment les accueillir. Car un réfugié, on ne doit pas seulement le recevoir, on doit l’intégrer”.

Les migrants en Europe

Situation particulière de l’Italie face au flux migratoire

Si les arrivées de réfugiés en Europe ont beaucoup chuté depuis le pic de la fin 2015, ils sont encore des milliers à tenter de rejoindre chaque mois le continent en traversant la Méditerranée au péril de leur vie. En juillet 2016, le HCR a recensé 25 472 arrivées en Italie et en Grèce, les deux principaux pays d’entrée. C’est beaucoup moins qu’en juillet 2015, où 78 433 arrivées avaient été recensées, mais cela reste à des niveaux élevés, comparables à ceux de 2014.

Depuis la signature en mars 2016 de l’accord UE-Turquie sur le refoulement des migrants arrivant en Grèce, le flux de la "route des Balkans" s’est presque tarie alors qu’elle était empruntée en 2015 par près d’un million de personnes, qui voulaient rejoindre l’Allemagne et la Scandinavie.

En revanche, la voie italienne, depuis la Libye, reste autant fréquentée qu’en 2015. Au total, 23 552 personnes ont débarqué en Italie en juillet 2016 contre 23 186 en juillet 2015. Les migrants arrivant par le sud viennent surtout d’Afrique subsaharienne alors que la voie grecque était empruntée en majorité par des Irakiens, des Syriens et des Afghans. La route italienne est par ailleurs plus dangereuse, la traversée de la Méditerranée étant plus longue qu’entre la Turquie et la Grèce.

Le HCR a recensé en août 2016, 3 155 personnes disparues ou décédées en mer, presque autant que sur l’ensemble de 2015.

Le périple des migrants arrivant par l’Italie mène souvent en France, où le passage se fait par les gares de Vintimille et Menton-Gavran. Des contrôles très serrés ont été instaurés dans ces deux gares dans le cadre de la loi anti-terroristes, ce qui permet à la France de refuser l’admission sur son territoire d’“étrangers non autorisés à séjourner ou présentant un risque pour la sécurité du pays”.

Ils sont renvoyés en Italie ou remis aux autorités de ce pays, qui en redirigent une partie vers les Pouilles ou la Sardaigne, afin de désengorger la Ligurie, devenue un goulet d’étranglement.

Avec 100 000 arrivées sur les côtes italiennes entre janvier et août 2016 et le souhait systématique des migrants de rejoindre le nord de l’Europe, la ville frontière de Vintimille est devenue une grande salle d’attente pour la France. Le phénomène s’accentue sous la double pression du renforcement des contrôles policiers et de l’augmentation des arrivées. Exaspérés d’être consignés en Italie, un groupe de 200 exilés tentent de passer la frontière en force le 5 août 2016. La tension monte avec la durée du séjour. Des grèves de la faim éclatent et on assiste à des refus d’évacuer. Vintimille devient peu à peu un petit Calais.

Face à l’augmentation des arrivées, Vintimille et les services de l’État italien se décident, le 17 juillet 2016, à ouvrir un camp "officiel", après en avoir fermé un autre plus improvisé, il y a un an et vidé plusieurs fois des campements. Géré par la Croix-Rouge italienne, le lieu est saturé un mois après son ouverture (600 personnes pour 340 places). Les nouveaux arrivants seront acceptés, mais devront dormir à même le sol, sans lit ni couverture, bénéficiant toutefois de deux repas, de la douche et des autres services de la Croix-Rouge. Officiellement limités à sept jours, les séjours dans le camp durent en fait jusqu’au moment où les migrants passent en France.

N’oublions pas, qu’au milieu de cette misère, des Français désintéressés n’hésitent pas à manifester leur solidarité et leur aide aux migrants, bien qu’ils encourent cinq ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende pour "délit de solidarité". Je pense aux gens de la vallée de la Roya (entre Vintimille et Menton) qui prennent le risque de faire sortir du camp de Vintimille des migrants, en priorité des jeunes, pour leur offrir l’hospitalité dans leur maison et les aider à passer clandestinement en France.

André Poisson

Les migrants en Amérique latine

Le phénomène migratoire des pays d'Amérique latine et des Caraïbes vers la zone OCDE n'est pas récent. Il montre qu'en 2010 déjà, près de 900 000 nouveaux migrants de la région s'étaient installés dans les pays de l'OCDE. Cependant ce flux a beaucoup augmenté ces dernières années et les défis futurs concernent, notamment, l'intégration des immigrés et de leurs enfants dans les pays de destination, ainsi que la mobilisation de la diaspora pour soutenir le développement économique des pays d'origine. Il est extrêmement difficile d'obtenir des données actualisées récentes compte tenu de l'évolution rapide des situations politiques et socio-économiques des pays latino-américains et des USA en particulier.

Il est évident que le résultat de l'élection présidentielle américaine avec l'élection de Donald Trump à la tête du pays est déterminante pour quasiment toute la région. Il avait annoncé, lors de sa campagne, sa volonté de "bloquer l'arrivée de populations barbares, couleur blanc cassé, ignorant le parler saxon, et adorateurs de la Vierge". Il prévoyait un mur financé par le Mexique, empêchant tout passage le long de l'immense frontière séparant les deux pays.

De façon plus surprenante, on a constaté, fin 2016, des prises de parole et des décisions hostiles à l'égard de migrants latino- américains dans des pays comme le Brésil, la Colombie, le Costa-Rica et à Panama.

Les déséquilibres de puissance économique et militaire avaient été un peu « oubliés » au tournant du millénaire. La conjoncture avait de façon inattendue et prolongée tiré la croissance vers des sommets historiques. Des millions de migrants potentiels sortis de la grande pauvreté, avaient alors choisi de rester chez eux, au Mexique, au Brésil ou au Pérou.

Ces derniers temps, la croissance est négative en Argentine, au Brésil, en Équateur, au Venezuela. Elle a été réduite au Chili, au Mexique, en Colombie. La pauvreté et le chômage sont de retour, les violences sociales ont repris d'Amérique centrale au Venezuela. Les cyclones dans la Caraïbe, les tremblements de terre au Chili, en Équateur et en Haïti ont aggravé encore la situation de ces pays.

De ce fait, la route de l'exil déborde de candidats venus de tous les horizons latino-américains. Le Nord, les USA, captent l'essentiel des flux. C'est là qu'il y a l'argent, donc l'espoir d'en gagner ; c'est là aussi que beaucoup ont déjà de la famille ou des amis partis à d'autres époques. Pressés par le dénuement et les violences locales, Guatémaltèques, Honduriens, Salvadoriens adultes ont ainsi poussé des milliers d'enfants sur les routes de l'exil.

Les réseaux mexicains de trafic de main d’œuvre y ont retrouvé dynamisme et conquêtes de nouveaux marchés. Les filières se sont consolidées et le carnet des opportunités a été élargi : Africains et Asiatiques les utilisent.

Une embarcation, échouée le 10 Octobre 2016 sur la plage nicaraguayenne de Masapa, avait pour passagers des Congolais, des Togolais, des Sénégalais et des Haïtiens.

Ces derniers mois, des Cubains qui désormais peuvent, moyennant finance, entrer et sortir de leur pays, ont été tentés par l'aventure. Plusieurs milliers de Cubains ont ainsi débarqué en Équateur, Bolivie ou Panama qui ont vu arriver ces "touristes" sans visa et peu fortunés, venus gonfler les colonnes de ceux qui remontent vers le Nord : l'Eldorado ?

Tous ces migrants ont fait irruption sur le sol américain au moment de la campagne électorale présidentielle. Les Républicains ont projeté des lois et des mesures refoulant les sans-papiers ;

tandis que les Démocrates proposaient au Congrès la régularisation des clandestins dotés d'une ancienneté vérifiable.

Tout ceci a bousculé de nombreux équilibres latino-américains. De nombreuses concertations et rencontres ont eu lieu, fin 2016 pour essayer de résoudre ces énormes problèmes. Jusqu'au président mexicain, Enrique Pena Nieto, qui a invité le candidat Donald Trump qui s'est empressé d'interpréter ce geste unilatéral comme un blanc-seing politique et financier à son projet de mur frontalier. On connaît la réaction violente du président mexicain après l'élection de D. Trump au poste de président des États-Unis. Mais ces courants migratoires ont déstabilisé également les équilibres régionaux. Du Nicaragua à la Colombie, les gouvernements ont verrouillé leurs frontières. Le Nicaragua a bloqué les migrants cubains et les a renvoyés vers le Costa-Rica (Novembre 2016) qui a fait de même avec Panama. D'où une crise bilatérale entre Panama et la Colombie (en Mai 2016, "opération bouclier" : fermeture de la frontière par Panama) Bogotá a commencé à rapatrier des migrants cubains volontaires en août 2016. Outre la Colombie, le Brésil est également en première ligne et, en 2016, plus de 30 000 Vénézuéliens ont passé la frontière sud, poussés par la crise.

En conclusion, cette phrase du président mexicain, prononcée le 19 Septembre 2016, à New-York, devant la Conférence de haut niveau sur les grande déplacements de réfugiés et migrants : "Aucune barrière ne peut arrêter les mouvements de population, pas plus les naturelles que les artificielles".

Paulette Molinier (Sources : DIAL Octobre 2016)

Les migrants en Afrique et hors de ce continent

Les données citées se situent entre 2010-2016. Pour le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), il s’agit de la plus grave crise humanitaire depuis la seconde guerre mondiale.

Les quatre cartes présentées sont issues de l’atelier de cartographie de Sciences Po :

  1. Pour les migrations internes, la situation est diverse, mouvante et complexe. On note que les trois premières destinations sont l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire et le Nigeria.

En 2015, 16,4 millions de migrants en Afrique venaient d’un autre pays africain.

  1. Les migrations hors du continent. Dans le monde, 13,4% des migrants sont africains, soit plus de 32 millions : 5,1% en en Asie, 6,2% en Océanie, 3,7% aux États-Unis, 7,2% au Canada et en 0,6% Amérique latine.
  2. « Remises » des migrants vers leur pays d’origine. Ces transferts financiers représentent des fonds considérables (estimations en 2009 : 317 milliards). L’épargne d’un émigré fait vivre environ 10 personnes (assistance à la parenté et au village).
  3. Migrants morts et disparus en Méditerranée (2014-2016). Les diagrammes montrent une évolution croissante sur trois ans (de 3279 à 4913 morts).

Les migrations africaines sont le défi de demain. Elles sont mixtes : des réfugiés pouvant obtenir le droit d’asile (39 % des dossiers déposés en France en 2015) et des migrants économiques. Les mesures prises au sommet européen, en novembre 2016, à Malte, semblent insuffisantes pour calmer les velléités d’une jeunesse sans emploi.

Les ressortissants de l’Afrique noire, après les indépendances, bénéficiaient des conventions de libre circulation pour l’accès à la France. Mais la situation a changé et les filières migratoires clandestines se développent. Les causes sont multiples : économiques (la faim, le manque d’eau,…), politiques (un africain sur cinq vit une situation de guerre). La violence devient un mode usuel des relations sociales entre générations, entre riches et pauvres, entre ethnies et religions. Autres maux : le sida, …

Face à eux, les émigrants rencontrent le plus souvent une politique de refus (renforcement des lois sur l’immigration, augmentation de la xénophobie…). L’Europe se démène pour limiter l’immigration africaine :

  • ® Des négociations avec plusieurs pays sur ce dossier ; un nouveau "cadre partenariat" avec cinq pays clés, du Sud du Sahara (Sénégal, Mali, Niger, Nigeria et Éthiopie).
  • ® Octroi de 500 millions supplémentaires sur ses fonds pour l’Afrique.
  • ® Lancement de 64 programmes d’actions dans différents domaines (par exemple réintégration des rapatriés ; conscientisation sur les risques de la migration clandestine,…).
  • ® Aide au développement.
  • ® Soutien à la migration choisie pour certaines catégories professionnelles. Mais la majorité des travailleurs africains qui font la traversée sont peu qualifiés. Les expulsions programmées ne changeront rien au fond du problème.

D’ici quatre ans, l’Europe va perdre 66 millions d’habitants ; elle ne pourra remédier à son déclin, qu’en recourant à l’immigration.

Quelques exemples positifs

  1. a) En 2015 comme en 2016, plusieurs reportages indiquent la scolarisation de 120 000 enfants réfugiés (venant de RCA) – au milieu des tentes à même le sol – à la frontière Est du Cameroun. Cela est possible grâce à l’UNICEF et aux ONG locales.
  2. b) Depuis 2013, création d’une association des migrants, la FASED (Force Africaine pour la Solidarité Et le Développement). Elle aide les migrants à renoncer au rêve européen pour sauver leur vie et la reconstruction sur place.
  3. c) Aux USA, une journaliste a suivi une famille pendant 10 ans et témoigne dans un documentaire de l’émission "Droit de suite" (du 27 janvier 2017 et du 09 mars 2017) d’une intégration réussie : une famille musulmane de la tribu des Bantous, menacée de mort en Somalie, a vécu dans un camp au Kenya avant d’être accueillie à Louisville (Kentucky). Le père avait suivi deux formations pour apprendre les règles et la langue du pays.

En guise de conclusion, Michel Agier (anthropologue) constate que "la culture de l’hospitalité", déléguée aux États, renaît sous de nouvelles formes et revient dans le débat public. "Migrer, quitter son pays est toujours un choix douloureux. Les femmes et les hommes qui veulent venir en Europe ont le droit d’être accueillis (article 13 dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme) et de faire valoir les raisons de leur venue".

Lucette Villetard

Migrations en Asie

Plus de 50% de la population mondiale vit aujourd'hui en Asie, une forte proportion qui laisse présager l'ampleur du phénomène migratoire dans cette région. En effet, déjà en 1990, l'Asie comptait le plus grand nombre de migrants internationaux avec 49,8 millions de personnes. Quinze ans plus tard, elle se plaçait en deuxième position, juste derrière l'Europe, avec 53,3 millions de migrants internationaux.

Mais ces migrations n'ont pas seulement gagné en intensité. Elles ont également connu une évolution qualitative. Ainsi, certains pays qui étaient jadis considérés comme des pays de départ sont aujourd'hui devenus des pays d'accueil. La Malaisie, la Corée du sud sont devenus aujourd'hui des pays d'accueil en raison de leur développement économique mais aussi la Thaïlande à cause de l'instabilité politique d'un pays limitrophe comme la Birmanie.

D'autres facteurs comme les migrations forcées liées aux trafics d'êtres humains ou encore aux catastrophes naturelles ne sont pas non plus à négliger.

Les travailleurs migrants d’Asie viennent surtout du Bangladesh, de Birmanie, du Cambodge, de Chine, d’Inde, d’Indonésie, des Philippines, du Sri Lanka ou encore du Vietnam. Le nombre de migrants et les destinations varient selon les pays. Il s’agit le plus souvent de travailleurs peu qualifiés (la construction, la pêche ou encore employés de maison), généralement moins bien payés que les travailleurs locaux, et dont les emplois sont caractérisés par les 3D: dirty, dangerous and difficult (sale, dangereux et difficile).

La féminisation de ces migrations est aussi un phénomène croissant. Aux Philippines, en Indonésie et au Sri Lanka, elles sont même plus nombreuses que les hommes à partir. Ces femmes sont surtout employées comme travailleuses domestiques ou comme aide soignantes. De plus, il y a également une forte proportion de femmes d'Asie du Sud-Est qui travaille dans les usines de fabrication à Taiwan, en Corée du Sud ou à Singapour.

Toutes ces femmes souffrent de diverses discriminations. Elles ne sont pas les seules. Ce phénomène concerne l'ensemble des travailleurs migrants. Compte tenu des emplois peu qualifiés qu'ils exercent, mais également de l'entrée clandestine de beaucoup d'entre eux, ces migrants sont souvent plus vulnérables que les travailleurs locaux. Les problèmes rencontrés par les immigrés clandestins (violation du contrat de travail, réduction ou non-paiement du salaire, mauvais traitements) sont légions au Japon, en Corée du sud, en Thaïlande, en Malaisie, à Singapour ainsi qu'en Inde.

Dans toute l'Asie, le trafic des êtres humains touche avant tout les femmes et les petites filles qui sont soit mariées de force, soit contraintes de se prostituer (tourisme sexuel).

Sur les 10 millions de réfugiés répartis dans l'ensemble des pays en voie de développement, 7,8 millions se trouvent en Asie. Parmi d'autres, la dictature militaire qui sévit en Birmanie a contraint 10% de la population à émigrer pour chercher refuge.

D'après la FIDH Fédération Internationale des Droits de l'Homme.

Témoignage d'Hervé Morissette – Inde

Il ne semble pas y avoir de migrations en provenance de la Syrie et de l’Iraq vers l’Inde et nous n’avons aucune nouvelle de telles migrations vers l’Inde dans les médias. Ceux qui quittent ces pays à cause de la guerre civile savent sûrement que notre pays est en voie de développement et leur intégration ici ne leur sera pas facile. Ils préfèrent s’orienter vers l’Europe, comme nous avons pu le constater ces derniers mois.

Le plus grand nombre de migrants venant s’installer en Inde sont en provenance du Bangladesh. Comme ils ont la même culture que les habitants du West Bengal, ils s’intègrent facilement à la société. Il y a quelques années, ces migrants ont été victimes de discrimination dans les États du Maharashtra et du Kerala car on les accusait d’accaparer trop d’emplois qui revenaient normalement aux Indiens.

Je me souviens aussi que nous avons été témoins d’un très grand flux de migrants en provenance du Bangladesh vers l’Inde au cours de la guerre de libération en 1971. Certaines de nos Équipes avaient alors prêté mains fortes à des groupes d’étudiants pour envoyer de l’aide matérielle à des personnes qui s’étaient réfugiées dans les camps du West Bengal. Ce flux n’a cessé d’augmenter au cours des années, si bien que le gouvernement de l’Inde a fait construire une clôture en fil métallique entre le Bangladesh et l’Assam.

Il est facile de comprendre qu'actuellement il y ait très peu de migrations à partir du Pakistan à cause des tensions et des escarmouches qui se produisent régulièrement aux frontières.

Lors de la guerre entre les Tigres Tamouls et l’armée du Sri Lanka, des milliers de paysans tamouls ont été dépossédés de leurs terres et torturés par l´armée du Sri Lanka. Plusieurs d’entre eux se sont alors réfugiés en Inde et plus précisément au Tamilnadu. Le gouvernement de l’Inde les a alors accueillis dans des camps du Sud. Même après la guerre, plusieurs languissent encore dans des camps du Sud de l’Inde ayant du mal à s'intégrer.

J’ajoute qu’un très grand nombre d’Indiens émigrent vers l’Ouest ou les pays du Moyen Orient dans le but d’y trouver de "meilleurs pâturages". Ce sont évidemment des raisons économiques qui conduisent ces gens – la plupart d’entre eux étant plutôt jeunes – à émigrer vers l’Ouest. Ceci occasionne en même temps une "fuite des cerveaux" qui est très mal vue par la plupart des gens en Inde.

Témoignage de Rosalinda Francia – Philippines

Plus d'un million d'habitants quittent le pays chaque année pour travailler ailleurs. Se fondant sur les statistiques, près de 12% des 95 millions d'habitants travaillent ou résident dans 200 pays différents dans le monde. Médecins, nurses, informaticiens, architectes, techniciens, enseignants, marins, employés de fastfoods… Beaucoup de femmes sont domestiques, aides-soignantes. La migration féminine est la moins protégée.

Les Philippines mènent leur développement mais il est regrettable que ce soit au détriment des droits du travail (heures supplémentaires, exploitation). En effet, 60% de travail temporaire rendent la situation des ouvriers très incertaine et la majorité des multinationales préfèrent les migrants.

Cette précarité cause beaucoup de stress dans les familles. Des enfants grandissent sans connaître leurs deux parents. La plupart devant l'absence souvent longue des parents n'éprouvent aucune affection à leur égard ou même ne les reconnaissent pas. Cela donne des parents désenchantés et divorcés.

Une organisation gouvernementale Overseas Workers Welfare Administration (OWWA) apporte supports et assistance pour le bien être des migrants et leurs familles. Elle surveille les différentes phases des migrations depuis le départ jusqu'au retour et dénonce avec d'autres particulièrement en direction des femmes les conditions abusives du travail domestique.

De toute l'Asie, les Philippines ont promulgué une loi qui tente d'établir depuis 1995 la protection et l'amélioration des conditions des migrants et de leurs familles.

Didier Tardif

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