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jeudi, 12 février 2015 00:00

Consultation sur la famille

Écrit par

Réponse d'une équipe locale du mouvement CdEP - Chrétiens dans l'Enseignement Public - au nouveau questionnaire sur la famille.
Notre équipe est constituée en majorité d'instituteurs et de professeurs en retraite, pour la plupart parents et grands-parents, et elle est accompagnée par un prêtre.

Quelques remarques sur le préambule du questionnaire :

Nous apprécions que l'Église s'adresse à « nos familles » et nous voulons y voir une invitation à partir de ce que nous vivons, à faire appel à notre expérience plutôt qu'à des présupposés, d'autant plus que nous n'avions pu répondre à la consultation précédente, à notre sens trop rapide, et mal diffusée.
Cependant, on peut avoir aussi une interprétation plus restrictive de « nos famillles », expression heureusement élargie par la précision « les familles, si diverses soient-elles », diversité  qui correspond danvantage à ce que nous vivons et constatons autour de nous.


 
1)  Notre action dans le passé
    
Pour nous, les équipes locales ardennaises de notre mouvement ont constitué, au fil du temps et des générations, une Famille, en ce sens que nos réunions accueillant parents et enfants, ces liens perdurent encore et ont marqué nos enfants devenus adultes et parents à leur tour.
Dans notre vie professionnelle, souvent à contre-courant du rôle officiel dévolu aux « maîtres », nous pensions que les enseignants devaient ouvrir l'École, accueillir les familles, et certains d'entre nous directeurs d'école, allaient dans les familles, chez elles, chercher des enfants.

2)  Les difficultés du présent

Nous regrettons un nouveau raidissement des relations entre l'École et les parents et pensons que les familles ont droit à des réponses à leurs questions, même d'ordre pédagogique, d'autant plus que la méconnaissance de ce qui est enseigné - caricaturé par des groupes de pression et des  médias assez ignorants sur ce sujet – aggrave la méfiance des familles et, en réponse, les craintes et refus des enseignants qui voient alors dans toute question une remise en cause de leur autorité et compétence. On éviterait bien des polémiques si l'on savait par exemple que l'éducation à la citoyenneté se fait par l'organisation de débats construits et argumentés en ECJS (lycées) depuis une dizaine d'années au moins, que la culture et l'histoire des religions sont abordés en histoire, français, philosophie et incidemment ailleurs, etc. Les responsables politiques eux-mêmes semblent ignorer tout ce qui se fait déjà pour construire une société apaisée .

3) L'action présente : l'éducation familiale et sociale

      a  «  En amont de la vie de couple » :

A l'école, on enseigne l'éducation sexuelle aux ados mais il manque une éducation affective ; on propose des réponses techniques et scientifiques à des questions de fond sur les sentiments, les relations, le sens à donner à sa vie. Plus tard, les jeunes, dans une société fragmentée où l'insertion professionnelle est toujours différée par la précarité, dans un monde où l'instant prime sur la durée, l'instantané sur le durable, se retrouvent sans possibilité de se projeter dans un avenir – ce qui décourage les engagements à long terme en couple, isole géographiquement.  Isolement que ressentent aussi douloureusement les personnes âgées, du fait de la disparition des relations de voisinage à l'ancienne. Les jeunes  cherchent à « contourner » leur solitude par des échanges sur internet. Ces nouveaux réseaux créent des liens mais ont pour corollaires un enfermement devant des écrans à l'âge où l'on devrait se dépenser physiquement le plus, et privilégient les relations virtuelles par rapport aux relations réelles.

En tant que parents et grands-parents, en dépit de l'éducation que nous avons donnée, nous constatons que la diversité des situations familiales se retouve chez nous . Par exemple, la cohabitation des couples - avant le mariage ou sans mariage – prévaut, et est même devenue la norme. Mais le mariage religieux sous sa forme « idéale » actuelle n'est-il pas daté historiquement ? Chez nos petits-enfants, nous entendons banaliser l'avortement, et distinguer « amour et sexe » comme une évidence de la vie actuelle, ce qui nous paraît nettement plus inquiétant que la cohabitation hors-mariage d'un couple équilibré .
Il semble de plus en plus évident que la conception qu'a l'Église de la famille et celle de la société divergent . Peut-on alors parler de « vocation » de la famille ?  (De qui parlons-nous ? ), de « mission » en direction du « monde contemporain » ? Quelles solidarités avons-nous avec ce monde en crise, en rupture avec les anciens modèles conjugaux et familiaux ? De quoi a-t-il besoin ? Qu'attend-il de Chrétiens qui en font partie ?


      b Questions ecclésiales : quel accueil aux demandes de sacrements des couples ?

Il ne saurait être question de donner « à la légère » des sacrements qui seraient « bradés » à la demande . Mais il ne faut pas non plus faire prendre solennellement des engagements dont on sait pertinemment qu'ils ne seront pas tenus (par exemple d'inscrire l'enfant au catéchisme quand on sait que le contexte social le rendra difficile)  Il faudrait réfléchir à cela, ne pas baisser l'exigence, mais l'adapter au contexte de la demande, analyser avec les familles la vraie nature de la demande - qui est souvent de l'ordre de l'estime de soi et de la reconnaissance sociale, à accueillir comme une « bonne nouvelle » à évangéliser.
Quant à l'engagement à être ouvert à la vie, il est souvent perçu comme une intrusion dans l'intimité du couple, surtout s'il y a déjà des enfants !  Nous connaissons  aussi des jeunes qui ont renoncé au mariage religieux demandé (et qui ont eu ensuite des enfants) pour cette raison. Il faudrait moins de normes et plus d'incitation à la responsabilité.
En ce qui concerne l'engagement à l'éducation religieuse, on pourrait peut-être admettre que cette éducation puisse prendre d'autres formes que la seule présence au catéchisme, et que l'accès aux sacrements (eucharistie , confimation - désormais réservée à une élite ? - , baptême des enfants suivants) ne soit pas conditionné par ce seul critère. Les rythmes de vie, la sociologie expliquent le recul du catéchisme - et partant la non-proposition des sacrements à l' écrasante  majorité des enfants  dont certains, baptisés mais non catéchisés, vivent par ailleurs en chrétiens et ont une foi vive.

 Beaucoup de « désordres » déplorés par l' Église sont dûs en partie à l'éclatement d'une société en crise. Si chacun doit être appelé à vivre librement ses engagements personnels, celui qui vit un échec de couple doit surtout être réconforté par ses frères chrétiens afin qu'on n'ajoute pas du malheur au malheur. Toutes les familles rêvent d'être «  formidables », beaucoup sont blessées et voudraient d'abord qu'on soigne leurs blessures et qu'on les aide à vivre au mieux et avec amour leur réalités imparfaites. En amont, l'accompagnement des premières années d'un mariage religieux (Alpha Couples ) peut aider certains à approfondir leurs relations et donner sens à leur engagement réciproque .

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