7437D0CC AA1A 4DAA 81D9 54A4B898DB911Le temps est déja à la préparation de l'été, avec les premières annonces de nos sessions à déstination de tous!

dimanche, 28 juillet 2013 12:12

L’Association Joseph Lotte, quelques repères historiques

Écrit par

Merci à Bernard Comte qui , avec l'aide d'Yves Calais et de Marie-Hélène Depardon, ne s’est pas contenté de classer les archives de la Paroisse Universitaire (PU) avant de les confier aux archives municipales de Lyon. Avec sa compétence d’historien, il a su dégager les grandes lignes de l’aventure commencée par l’appel de Joseph Lotte et relayée par tant d’autres personnes.

[1]
I.                 
Initiatives diverses depuis 1910

1. Bulletin de liaison des professeurs et rassemblements annuels (1911-1929)[2] 

1910. Joseph Lotte, professeur de lettres au lycée de Coutances, ancien condisciple de Charles Péguy, dreyfusard et socialiste idéaliste comme lui, revenu à la foi catholique et à une pratique fervente, diffuse dans les collèges et lycées publics une circulaire proposant l’abonnement à un « Bulletin des professeurs catholiques de l’Université, organe d’un groupe de professeurs » qui est lancé en janvier 1911. « Lien d’amitié, aide mutuelle de foi et de prière », cette feuille mensuelle est d’abord rédigée, sous divers pseudonymes, par Lotte lui-même, soutenu par Péguy  (dont il publie les poésies) et par le prêtre voisin qu’il a pris comme « conseiller théologique », Pierre Paris, alors professeur de collège, qui lui donne des « méditations » spirituelles. Ensuite, des collègues y collaborent, avec des réflexions culturelles ou religieuses et même sociales ou politiques (Lotte manifeste un ardent patriotisme, proche du nationalisme et ennemi du pacifisme) ; en quatrième page, Lotte publie et commente la correspondance qu’il reçoit. En 1914, le Bulletin tiré à 2 000 exemplaires a 545 abonnés. Lotte, mobilisé, volontaire pour un régiment du front après la mort de Péguy, est tué en décembre 1914, et son œuvre est suspendue.

1917. Elle est reprise par Pierre Heinrich, agrégé et docteur, professeur d’histoire en première supérieure à Lyon, qui publie avec « un groupe de professeurs lyonnais » le Bulletin des Professeurs catholiques de l’Université, nouvelle série, avec l’appui et la collaboration de M. Paris devenu prêtre de St-Sulpice, fidèle à la mémoire de Lotte (dont il a publié une biographie dès 1916[3]). Donnant plus de place aux soucis professionnels des enseignants, il combat l’anticléricalisme et s’appuie sur le renouveau spirituel qui se manifeste dans le monde intellectuel et artistique. Dès 1919, il atteint 1 300 abonnés.

1922. Heinrich invite ses abonnés à un rassemblement national à Lyon pendant la semaine pascale, « Journées universitaires » (JU) de plusieurs jours consacrés à la prière communautaire et aux échanges amicaux sur le mouvement qui prend forme. On y décide la création d’une Commission permanente, qu’il préside, avec une universitaire parisienne, Mlle Trouard-Riolle au secrétariat. Cet organe organisera des JU annuelles et fera la liaison entre les foyers régionaux et les réseaux formés autour de plusieurs publications, que le Bulletin lyonnais a signalées. Sans véritable structure nationale, c’est cependant une amorce de fédération de diverses initiatives apparues parallèlement à celle de Lotte. Après les JU de Paris en 1923 (plus de 300 participants), celles de Marseille, Nancy, Strasbourg, Lille et Toulouse sont marquées chacune par plusieurs grands rapports confiés à des enseignants des divers degrés, discutés et publiés ensuite dans le Bulletin ; elles sont aussi occasions de rencontres et de débats sur les activités des uns et des autres.

2. Unions régionales et bulletins spécialisés.

A Paris, un groupe d’institutrices formé dès les années 1910 autour de Mlle Ory, désireux de contacts avec les professeurs abonnés au Bulletin, avait provoqué en 1918 une réunion autour du dominicain Sertillanges, fameux prédicateur. Ce fut la naissance de l’Union des catholiques de l’enseignement public de la région parisienne, groupant une centaine de membres présidés par l’historien Edouard Jordan. Dès 1919, d’autres Unions régionales sont apparues (Lyon, Aix, Limoges, etc.) ; elles ont tenu un premier congrès à Paris à la Pentecôte 1920. Leurs présidents et secrétaires rejoignent le réseau national de responsables.

D’autre part plusieurs groupements plus ou moins anciens se lient, sans perdre leur autonomie, aux créations nationales d’Heinrich, Bulletin et JU de Pâques. Deux se sont développés chez les institutrices. Les Davidées (du nom du roman de René Bazin Davidée Birot, histoire d’une institutrice qui trouve dans la foi chrétienne le couronnement des vertus laïques qu’elle pratiquait) se sont formées autour de Marie Silve, jeune institutrice rurale des Basses-Alpes[4]. Elle a groupé dès 1913 des collègues isolées pour un soutien amical qui conforte leur foi et les aide à la vivre en harmonie avec l’attachement à la raison, à la liberté et aux vertus laïques qu’on leur a enseignées à l’École Normale. Il leur faut résister à la double suspicion dont les accablent souvent les deux autorités : l’administration de l’enseignement primaire portée à juger attentatoire à la neutralité scolaire toute activité religieuse menée même en dehors de l’école, le clergé à voir une trahison dans l’appartenance à l’École sans Dieu, vouée à favoriser l’immoralité et la subversion sociale. Après une retraite au sanctuaire de N.D. du Laus près de Gap en 1916 et la rencontre d’une institutrice drômoise plus âgée, Mlle Thivolle, le groupe a créé un bulletin, Aux Davidées, diffusé dans le Sud-Est, a participé aux JU dès 1922 à Lyon et organisé des sessions d’été animées par des professeurs, tout en exigeant de ses membres un strict respect de la neutralité à l’école. Jean Guitton y amène ses amis, normaliens ou anciens membres du groupe de travail animé par le philosophe catholique de Grenoble Jacques Chevalier (dont Emmanuel Mounier) ; des plans de travail sont fournis aux groupes locaux d’institutrices « davidées » pour leurs cercles d’études. Le bulletin se double d’une revue non confessionnelle de formation, Après ma classe (1929, devenue en 1930 Revue de culture générale), et en 1938 d’une revue destinée aux débutantes, Notre École.

D’autre part, une fédération de groupes locaux d’institutrices a été amorcée avant la guerre par Marie-Adrienne Charpentier, institutrice de la Drôme. Celle-ci lance en 1917 le Bulletin des institutrices catholiques de l’enseignement primaire, dit « Bulletin vert », devenu ensuite Bulletin national des instituteurs et institutrices catholiques de l’enseignement public (1920-1936). On y propose des retraites locales et nationales à Paray-le-Monial et Lourdes, des journées d’études sociales et des pèlerinages, notamment à Rome où le pape bénit cette œuvre encadrée par des prêtres de renom et soutenue par plusieurs évêques.

Un troisième groupe féminin, la Conférence Saint-Michel, est né en 1913-1915 chez les élèves de l’ENS de Sèvres qui forme des professeurs pour les lycées de jeunes filles. Guidées par Mlle Trouard-Riolle, agrégée et docteur ès-sciences, elles font appel au P. de Grandmaison, savant jésuite directeur de la revue Études et des Recherches de sciences religieuses. Il leur donne avec grand succès des instructions régulières qui ouvrent ces intellectuelles à une religion personnelle avertie et attirent des non-catholiques. Un Bulletin de la conférence Saint-Michel (1919-1937) donne le programme et un aperçu de ces causeries, assurées après la mort du P. de Grandmaison (1926) par d’autres professeurs de renom, surtout jésuites (dont le P. de Montcheuil à la veille de la guerre). C’est dans le local de l’Association Saint-Michel que Mlle Trouard-Riolle, sa directrice, assure le modeste secrétariat de la Commission permanente présidée par Heinrich, puis du Comité d’Union qui lui succède.


II.              Le Comité d’Union et la « paroisse » du Père Paris (1929-1939)

En 1928-1929, une pénible crise qui amène le retrait du président Heinrich provoque la mise en place de structures associatives plus consistantes.

Heinrich, que son patriotisme et ses convictions intransigeantes face aux « erreurs modernes » (dont la démocratie, en religion comme en politique) rapproche des thèses maurrassiennes, est membre du cercle Fustel de Coulanges, qui regroupe les intellectuels sympathisants de la doctrine d’Action française. Il l’est resté après la condamnation du journal et du mouvement par Pie XI en 1926-1927, ainsi que son collègue de Strasbourg Carteron, influent comme président-fondateur de l’Union alsacienne des professeurs catholiques, qui a accueilli les JU de 1926. Lors des JU de Toulouse (1928) et dans le Bulletin, tous deux critiquent les catholiques démocrates, si bien que ceux-ci (dont la secrétaire parisienne Trouard-Riolle) en appellent au nonce Maglione, chargé par Pie XI de débarrasser le catholicisme français de l’influence maurrassienne. Heinrich, soutenu par le cardinal de Lyon et par nombre d’enseignants catholiques qui respectent et aiment cet homme désintéressé et charitable, résiste, puis cède : il quitte la présidence (octobre 1928) et suspend son bulletin. Les responsables régionaux, réunis à Paris à l’appel du président Jordan, prennent acte de son retrait et élaborent, selon les conseils du nonce, de nouvelles structures du groupement.

En avril 1929, la nouvelle organisation est adoptée aux JU de Caen : un Comité de l’Union des catholiques de l’enseignement public est formé par les délégués des mouvements nationaux fédérés et les représentants élus des Unions régionales et de l’Assemblée générale tenue chaque annéee aux JU. Le président, André Zeller (professeur au lycée Condorcet) est assisté de deux vice-présidents (Mlle Ory, de l’Union parisienne, et Ch. Renevier, instituteur dans la Loire) et de la secrétaire générale Trouard-Riolle. Le Comité préparera les JU annuelles et publiera un nouvel organe, le Bulletin Joseph Lotte, lancé en octobre 1929 avec un comité de rédaction dont Pierre Péguy (deuxième fils de Charles, normalien et professeur de lettres) est le secrétaire. Le nouveau Comité se donne aussitôt un « conseiller ecclésiastique », choisi en accord avec l’autorité ecclésiastique : c’est M. Paris, qu’on appellera « aumônier général » du groupement. Cette organisation est annoncée aux évêques français, dont une trentaine écrivent leur approbation. Le groupe de Lyon a d’abord maintenu à sa tête son fondateur apprécié, Heinrich, mais celui-ci a été contraint de renoncer, en demandant au jeune historien André Latreille d’assurer sa succession. Démocrate chrétien convaincu et modéré, respectueux de celui qui a été son maître, celui-ci s’impose vite et la crise est surmontée ; l’helléniste F. Ollier lui succédera quand il sera nommé à la Faculté des lettres de Poitiers (1937). Le rayonnement de ce groupe lyonnais qui associe des membres de tous les degrés, dont des collaborateurs des Davidées de Mlle Silve et des personnalités influentes au plan national, est attesté par les papiers d’A. Latreille, donnés par sa famille aux Archives de la Ville de Lyon.

Les nouveaux dirigeants maintiendront l’unité, au prix d’une abstention prudente de toute prise de position politique (ils approuveront en 1934 le manifeste catholique de J. Maritain « Pour le bien commun » qui proteste contre le climat de guerre civile sans prendre parti). La solidarité affirmée entre les trois ordres d’enseignement, primaire, secondaire et supérieur, et entre les divers mouvements rassemblés suscite l’alarme des milieux anticléricaux qui y voient une menace sur le statut laïc de l’école ; un rapport dénonciateur de Marceau Pivert à la Ligue de l’Enseignement et un article de l’organe du syndicat des instituteurs provoquent en 1930 les répliques du Comité et des amis des Davidées (Guitton et Mounier), et l’incident est clos par une déclaration apaisante du ministre radical de l’Instruction publique.

L’aumônier général met l’accent, aux JU et dans le bulletin, sur le fondement proprement spirituel du rassemblement : prière exprimée par une liturgie communautaire, méditation des sacrements, appui sur l’expérience de l’Église des premiers siècles[5]. C’est lui qui baptise, à l’ouverture des JU de 1932, la « Paroisse universitaire » dont il se sent le curé ; appelé « le Père Paris », représentant de la continuité de l’œuvre de Lotte, il est entouré d’un affectueux respect. Cette paroisse bénéficie de l’adhésion de jeunes universitaires, comme les normaliens formés à l’école de leur aumônier le P. Portal, réchappé de la crise moderniste, et décidés à ouvrir le catholicisme sur la science et la culture contemporaines au-delà des condamnations défensives qui ont prévalu depuis un siècle. Tandis que Marcel Légaut anime un cercle de jeunes instituteurs et professeurs soucieux de réflexion chrétienne, son ami Antoine Martel donne l’exemple d’un brillant universitaire voué à la cause de l’union des Églises et au service des pauvres[6]. Martel, avec d’autres comme J. Guitton ou J. Lacroix, a su expliquer et diffuser les principes dont cette organisation catholique respectueuse de la laïcité fait sa charte : observation de la neutralité exigée dans le cadre scolaire et approfondissement intellectuel et spirituel de la foi catholique en dehors ‒ une foi dont on témoigne par une conscience professionnelle exemplaire qui implique le respect de toutes les convictions dans le refus de tout prosélytisme, le service des enfants en devenir et le dialogue fraternel avec les collègues. Ces positions restent mal comprises dans la partie du monde catholique qui, en accord avec les déclarations de l’épiscopat contre « le laïcisme et les lois iniques » (1924), est attaché à l’obligation de choisir pour ses enfants l’école catholique et réclame une aide de l’État pour celle-ci : la « question scolaire », un des points de démarcation entre la droite et la gauche politiques, reste pour les universitaires catholiques le signe d’une contradiction qu’ils doivent assumer. Une autre difficulté est soulevée par le succès des mouvements d’action catholique spécialisée, sur le modèle de la JOC, qui depuis 1931 sont reconnus par l’épiscopat, selon les directives de Pie XI, comme organes d’Église, mandatés par la hiérarchie pour collaborer à son action d’apostolat dans la société et donc en étroite dépendance de ses consignes, transmises par les aumôniers qu’elle nomme. La « Paroisse universitaire » (PU) est étrangère à cette ambition de reconquête religieuse ; elle se reconnaît soumise à l’autorité ecclésiastique en ce qui concerne la doctrine et la pratique religieuse, mais libre dans son activité spécifique de laïcs engagés par un contrat moral envers la nation qui s’est donné un enseignement non confessionnel. Cette situation particulière n’est pas facilement comprise par leurs coreligionnaires qui « militent » avec un enthousiasme conquérant, ni par certains évêques qui opposent les succès de cet apostolat à ce qu’ils croient être chez les universitaires un renoncement à se battre pour affirmer sa foi. Ceux-ci, au contraire, sont fiers de prouver, parfois difficilement, leur double fidélité. Fidélité à l’école que s’est donnée la nation, avec son éthique de respect, de tolérance et d’ouverture à tous par-dessus les oppositions entre groupes sociaux ou courants de pensée, fidélité à la foi chrétienne et à l’Église, dans la conscience de la responsabilité qu’ils ont d’en être les témoins dans un milieu dominé par l’incroyance. 

Ces questions, comme celles de la culture et de la pédagogie, sont abordées dans le bulletin qui fait œuvre éducative et élabore une vision commune, par-dessus les divergences d’opinion politique et de sensibilité religieuse. Cependant l’accroissement des effectifs fait ressentir l’insuffisance des institutions fondées sur le Comité d’Union, organe représentatif lourd imposé par la crise de 1929, sans secrétariat développé apte à gérer le fonctionnement d’un corps nombreux et divers. Un renforcement est étudié en 1938, et sur le rapport du juriste Savatier il est décidé aux J.U. de 1939, à Grenoble, de créer une association selon la loi de 1901, dont les statuts sont déposés en mai 1939 : c’est l’Association Joseph Lotte, instrument du Comité d’Union pour l’intendance (adhésions et cotisations, emploi de personnel de secrétariat). Juridiquement indépendante du Comité, mais dirigée par son président, elle a son siège dans les locaux de la Conférence Saint-Michel, 84 rue d’Assas. La mort du P. Paris qui survient alors amène le choix comme aumônier du P. Brillet, supérieur de la congrégation de l’Oratoire depuis 1929, connu et apprécié des universitaires parisiens[7]. Mais l’entrée en guerre intervenue en septembre ne permet pas de mettre alors en route les nouveaux organes dirigeants ; au printemps 1940, les JU nationales sont remplacées par plusieurs rassemblements régionaux.

Avec la défaite et l’armistice, le partage du territoire français en zones séparées interdit toute manifestation nationale et réduit considérablement les contacts entre zone occupée et zone dite « libre » ; des rassemblements annuels plus modestes sont organisés en zone sud, à Lyon (1941), au Puy (1942) et à Toulouse (1943), et les groupes locaux en sont réduits aux  initiatives de leurs animateurs laïcs et ecclésiastiques.

III.           La relance d’après-guerre, avec le P. Dabosville (1945-1963)

En 1945 encore, une série de réunions régionales sur un même thème remplace les JU nationales, mais plusieurs fascicules substitués au bulletin, obligé de changer de nom puisqu’il a été publié sous l’occupation, renseignent les adhérents sur la relance qui se prépare. En décembre apparaît le nouveau périodique Cahiers de la Paroisse Universitaire, d’abord bimestriels puis mensuels (devenus Cahiers universitaires catholiques en novembre 1948). On a déjà fait connaître et commencé à appliquer les statuts de l’association créée en 1939, et annoncé la nomination de Roger Pons, professeur de lettres en khâgne au lycée Louis-le-Grand[8], à la présidence du Comité d’Union et le choix de l’oratorien Pierre Dabosville[9], alors directeur des études au collège St-Martin de Pontoise où il a été professeur de philosophie, comme aumônier national.

            L’équipe renouvelée dont ils s’entourent consolidera les structures de la Paroisse universitaire, en renforçant le maillage à la fois territorial et professionnel. Les groupes locaux dits « indifférenciés » qui témoignent de l’unité du corps enseignant, de l’école élémentaire aux facultés, restent la section de base, dont les membres se connaissent bien et se réunissent au moins pour une journée mensuelle. Des comités diocésains les relieront, disposant d’un aumônier diocésain, détaché par l’évêque sur la proposition des responsables. Au national, le Comité d’Union maintenu jusqu’en 1955 fait place ensuite à une nouvelle Commission permanente réunie trimestriellement, qui donne naissance à des commissions spécialisées, groupes de travail durables sur des questions à la fois doctrinales et stratégiques comme la laïcité, le problème scolaire, les réformes liturgiques, les problèmes politiques du communisme, de la paix, de la décolonisation. Un Journal intérieur (1955-1970) rendra compte, pour les animateurs des groupes locaux, des travaux de ces instances. Des sessions de responsables de groupes et d’aumôniers seront organisées chaque année à la veille de la rentrée scolaire à Pontoise ou dans la maison dominicaine d’Éveux-sur-L’Arbresle près de Lyon.

Ces organes d’unité vont être doublés par des structures spécialisées correspondant aux degrés d’enseignement. Le personnel du second degré, enseignant, administratif et de service, sera organisé dans les années 1955-1960 en branche secondaire, animée par une équipe nationale dotée d’un aumônier, avec ses propres sessions et feuilles périodiques (en 1961, Lettre aux secondaires et Documents annuels rassemblant sur un thème une série d’articles). Auparavant, on aura tenu compte de la croissance de l’enseignement technique en créant en 1951 les Équipes techniques, qui disposeront également d’une organisation de branche, avec équipe nationale (dont Alain Rostagnat a été le président) et périodique (Esprit et Technique, 1959-1997[10]). Les groupes indifférenciés comptaient un nombre important d'instituteurs et d'institutrices heureux de se retrouver avec des enseignants du secondaire et du supérieur, les sentant très proches d'autant plus que souvent ils les soutenaient face à des attitudes d’intolérance laïciste ; beaucoup alors n'avaient pas pu accéder à l'Université qui n'accueillait qu'un faible pourcentage de bacheliers et à laquelle les titulaires du Brevet supérieur n'avaient pas accès. 

Dans les années 1942, en zone sud, le P. Duclercq avec un groupe de normaliennes issues de la JEC féminine des Cours complémentaires avait créé les Équipes Enseignantes qui, tout en prenant leur distance par rapport à l'Action Catholique Spécialisée, sont marquées par une priorité à l'action collective dans le milieu, mettant la réflexion au service direct de celle-ci. Ces Équipes se sont formées indépendamment des groupes de la PU, réunissant des collègues du primaire, en fonction des lieux et des personnalités, en même temps que se développent à l'intérieur de la PU des groupes secondaires et techniques. Les responsables des Équipes enseignantes participent aux journées de rentrée de la PU à Pontoise et aux réunions des instances de décision de la PU ; beaucoup de leurs membres et de nombreux normaliens viennent aux JU et restent intégrés aux groupes indifférenciés des grandes villes. Ainsi, quoique leur identité se montre souvent distincte de celle de la PU, les Équipes Enseignantes peuvent alors paraître en être la branche primaire, relativement autonome.

Quant aux membres de l’Enseignement supérieur, ils ne se sont pas organisés en branche avant les années 60, en partie parce que la création en 1945 du Centre catholique des intellectuels français (CCIF) répond au souci d’approfondissement intellectuel et de témoignage en dialogue avec les non-catholiques de ces professeurs, par ailleurs trop peu nombreux pour constituer des groupes particuliers. Le CCIF est né à partir de l’activité du Centre universitaire catholique de Paris, lui-même créé sous l’Occupation par des membres de l’Union parisienne de la PU (alors interdite de manifestation publique) associés aux groupes catholiques étudiants de la Sorbonne et des ENS pour organiser des cours de formation théologique et d’histoire de l’Église largement ouverts aux étudiants et professeurs[11]. C’est par leur présence dans les groupes locaux et dans les organes nationaux, et leur rôle comme rédacteurs des Cahiers et rapporteurs aux JU, que des professeurs d’Université marquent leur attachement à « la Paroisse » dans un milieu où ne s’impose pas comme dans les autres la règle de la neutralité scolaire.

Ce développement des structures, accompagnant celui de l’Éducation nationale dans ces années d’ « explosion scolaire », est poursuivi sous la présidence de Roger Dumaine, professeur de lycée parisien (1955-1962). En ce temps d’innovations, de recherches et de débats dans le catholicisme français, l’aumônier national Pierre Dabosville (1945-1963) influe fortement le choix des orientations et des activités des dirigeants de la PU avec lesquels il fait équipe. Au seuil de la quarantaine, ce prêtre qui a constamment lié son action pastorale et éducative à une réflexion intellectuelle nourrie de lectures de qualité met sa lucidité, son courage et son attachement à la liberté au service du corps des universitaires catholiques. Convaincu qu’ils ont des responsabilités majeures dans l’Église comme dans l’Université et la nation, il entend les aider à en prendre conscience et à se former collectivement pour les assumer et jouer leur rôle dans les deux tâches vitales auxquelles il consacre lui-même son activité de prêtre. Il croit d’abord dans la nécessité pour l’Église romaine de retrouver un langage commun avec la culture et l’intelligence du siècle, en acceptant comme un fait la laïcisation des institutions et de la société et l’autonomisation des consciences dans leur rapport à la vérité et à l’autorité : au mot d’ordre nostalgique « refaire la France chrétienne », il préfère celui d’une présence active de chrétiens libres et fervents dans la société sécularisée – ce qui suppose méditation des fondements de la foi, en quoi il s’appuie sur le legs du P. Paris, et connaissance critique d’une civilisation en pleine transformation.

Autre orientation essentielle pour cet ancien aumônier de JOC lié aux prêtres ouvriers, le sort du monde ouvrier et plus généralement des pauvres : les chrétiens ne peuvent rester étrangers aux engagements pour la justice et la paix, ni les enseignants aux problèmes de l’accès des travailleurs à la culture qu’ils servent auprès des jeunes. Il pousse donc de toute son influence à ce que l’ensemble de la Paroisse se mobilise et se mette au travail dans ces directions, et il en donne l’exemple. Mais il ne s’agit pas d’un engagement collectif de la PU en tant qu'association dans des actions pour la justice et pour la paix, comme les Équipes Enseignantes. C'est à chacun de s'y engager à titre personnel, là où il pense que c'est le meilleur, l'apport de la PU étant celui de la réflexion et de la prière incitant chacun à choisir un engagement responsable. C'est une conception de la vie commune caractéristique de l'identité de la PU qui, grâce à cela a survécu aux grandes crises de la guerre d'Algérie et de mai 68. Le P. Dabosville revient souvent aussi sur la liberté du chrétien dans l’Église, indissociable de sa soumission à l’autorité – il intitulera « Désarroi et fidélité » son article sur l’issue de la crise des prêtres ouvriers (mars 1954) et traitera anonymement dans le Monde, à propos du progressisme condamné, de la « politique de l’Église » (10 mars 1955).

Par ailleurs le P. Dabosville a été attentif, bien avant beaucoup d'autres, au judaïsme contemporain et aux racines juives des chrétiens, et à l'islam à travers les collègues enseignants en pays musulmans invités à parler de leur expérience du dialogue. La dimension œcuménique allait de soi par la participation de protestants à des activités de la PU ; l'invitation et la présence de membres de Fédération Protestante de l'Enseignement  aux JU et à d'autres rencontres, et des interventions comme celle de Paul Ricœur à des JU en ont été l'expression publique. Dans le domaine proprement professionnel, Dabosville s’attaquera lui-même, par des interventions publiques, au problème scolaire, en 1959 notamment lors des préparatifs de la loi Debré, et il suivra de près la préparation des JU de Reims (1962) sur l’École et la Nation. En 1952, il avait obtenu du Comité directeur, non sans mal, que les JU de Lyon sur le Travail soient axées, avec Jean Lacroix, sur le thème de la « civilisation du travail » alors en débat, plutôt que sur celui du devoir d’état à bien remplir.

Ces orientations, mises en œuvre par des responsables issus de la génération des années 30, formés à l’école du P. Paris et mobilisés par les drames de la guerre et l’élan de la reconstruction, sont assimilées par les nouveaux venus qui encadreront la paroisse universitaire à son apogée, dans les années 60 et suivantes. Les JU rassemblent alors régulièrement de 1 500 à 1 800 participants, qui les ont préparées et travaillent dans l’assurance que leur position particulière et la mission qu’elle entraîne sont désormais reconnues dans l’Église, ce qui leur permet d’exprimer loyalement leur inquiétude devant telle analyse de la situation ou telle prise de position de la hiérarchie. Cette assurance peut s’appuyer sur le succès des JU de Rome (Pâques 1951), qui ont amené de France, en pèlerinage au cœur de la catholicité, les enseignants publics en plus grand nombre (2 700) qu’aucune profession ne l’a fait pendant l’année sainte 1950. Les cinq rapports sont consacrés à l’Église, sa tradition, son unité, la liberté de ses membres dans l’obéissance. Un soigneux travail d’information et d’explication a été mené au Vatican par le P. Dabosville, soutenu par l’ambassadeur W. d’Ormesson et le substitut de la secrétairerie d’État Montini grâce auquel il a pu remettre au pape en audience particulière trois mémoires présentant la paroisse universitaire. Le résultat en est une une brève allocution de Pie XII aux pèlerins, ouverte par un éloge de la tradition universitaire française et terminée par des paroles attendues et presque inespérées : « Courage, confiance, persévérance, chers fils et chères filles, votre tâche est trop belle, trop visiblement bénie de Dieu pour douter qu’elle parvienne […] à de splendides résultats ». Si Pie XII n’a pas été converti soudain aux bienfaits de la laïcité et n’a pas renoncé à parler d’un apostolat destiné à amener l’intelligence à reconnaître la vérité de la révélation chrétienne, c’est un succès énorme que cette reconnaissance publique du bien-fondé et de la valeur de la présence de chrétiens dans une école fondée sur la règle de la neutralité. Les attaques polémiques et les dénonciations à l’encontre de ses dirigeants et aumôniers perdent d’un coup leur légitimité de défense de l’autorité et de la doctrine en la matière.

Mais en 1962, cette reconnaissance ne suffit pas à garantir au P. Dabosville  l’approbation d’un épiscopat désormais organisé en conférence nationale et commissions spécialisées et soucieux de mieux contrôler, après les crises qui ont marqué ou tué les mouvements de jeunesse, les mouvements et associations de laïcs. La décision de mettre fin à la fonction occupée depuis 1945 par l’aumônier général est liée à la fois à son indépendance d’esprit sur des sujets jugés stratégiques et à son attachement à l’unité du corps des enseignants catholiques alors que les Équipes Enseignantes de l’abbé Duclercq agissent de plus en plus en mouvement autonome, dont le style plus proche de l’action catholique est mieux admis. Après un an de négociations du nouveau président P. Marthelot[12] et de son équipe, la décision de l’épiscopat sur le départ du P. Dabosville est appliquée, mais les responsables de la PU choisissent eux-mêmes son successeur, pour s’assurer que les orientations prises par la PU ne seront pas autoritairement modifiées : c’est le sulpicien Jean Morel, qui a dirigé le séminaire de la Mission de France. Ce choix est ensuite reconnu par une nomination officielle des autorités épiscopales. Quand Mgr Veuillot vient présenter aux journées de rentrée à Pontoise le nouvel aumônier, Pierre Marthelot l'a fait avant lui et il a déjà été accueilli : marque non d'une indiscipline, mais de l'exercice de la liberté responsable dans une association de laïcs.

IV.           Les années 1960-1970

Elles correspondent pour l’essentiel à la présidence (1962-1969) de Pierre Marthelot, universitaire, spécialiste de la Tunisie (et par ailleurs, Délégué général de la Cité Internationale Universitaire de Paris). L’aumônier général est Jean Morel, assisté d’Henri Bichot puis de Jean Kammerer pour les Secondaires et de Fernand Guimet pour le Supérieur.

La Paroisse quitte en 1964 les locaux de la rue d’Assas pour le 75 rue de Vaugirard, avant d’acquérir en 1970 les appartements du 170 boulevard du  Montparnasse où elle s’installe définitivement. Les organismes nationaux sont la Commission exécutive (ancienne Commission permanente) et le Conseil national, réunion trimestrielle des représentants des comités diocésains.

Les années 60-70 sont marquées par une vitalité qui appelle une structuration plus importante. Les JU annuelles sont toujours le grand moment commun ; les Cahiers Universitaires catholiques maintiennent leur qualité rédactionnelle sur les grands problèmes du monde, de la culture et de l'Eglise, avec une bibliographie et une discographie assez développées ; le Journal intérieur assure une communication régulière entre responsables tant nationaux que régionaux.

L'effort est mis sur le développement des Comités diocésains, présents dans la majorité des diocèses. Ils sont des lieux de rencontre et de réflexion entre animateurs et aumôniers des groupes locaux, ils organisent aussi des journées diocésaines et beaucoup assurent la rédaction et la diffusion d'un bulletin régional. Ponctuellement quelques difficultés apparaissent dans des diocèses où la Paroisse Universitaire n'entre pas dans le schéma obligé de l'Action Catholique Spécialisée (ACO, ACI, MFR, MCC, etc.), jusqu'à des refus de nomination d'un aumônier, mais globalement la PU est bien reconnue parmi les principaux mouvements de laïcs. Le Conseil national assure la rencontre et une réflexion commune des présidents des Comités diocésains et de leurs aumôniers.

En même temps les "branches" développent des activités qui répondent plus précisément aux sensibilités des secondaires et des techniques, les primaires étant la plupart du temps rattachés aux Équipes Enseignantes. Elles ont leurs propres sessions d'été et leur bulletin.

Les deux événements majeurs de cette période sont évidemment le Concile Vatican II et Mai 1968.

Le Concile fut accueilli avec enthousiasme : ses différentes sessions (décrites dans les grands journaux, Le Monde, Le Figaro, La Croix) et les textes qui en sortirent furent suivis et travaillés par les groupes et dans les réunions du Conseil où l'on a pu étudier des versions successives de certains textes ; les travaux du Concile ont été commentés dans les Cahiers Universitaires. Les membres de la PU y retrouvèrent leurs  grandes intuitions, rôle des laïcs « peuple de Dieu » dans l’Eglise, dialogue  avec « le monde de ce temps », recherche d’une liturgie renouvelée, souci constant des relations œcuméniques. On attendait ce renouvellement de l'Eglise, «l'aggiornamento », que l'on avait conscience d'avoir anticipé.

Mai 1968 suscita des engagements forts, dans la variété des lieux et des situations individuelles : un mois auparavant les Journées nationales de Rouen avaient eu pour thème L’éducation et l’homme à venir. Si les options prises dans les groupes furent diverses – les Cahiers s’en firent l’écho – la PU fut dans ces semaines difficiles un des rares lieux où l’écoute réciproque resta possible et les chantiers ouverts. Les JU de Grenoble en 1969 sont, par le nombre des  participants et la richesse de leurs apports, un moment très important de cette histoire.


V.               Le dernier quart du siècle

Fait significatif d’un désir de renouvellement, les présidents sont désormais issus des Comités diocésains de province :

Yves Calais 1969-1980 (Besançon)

Henri-Bernard Vergote 1980-1988 (Strasbourg)

Maurice Montabrut 1988-1995 (Toulouse)

Bernard Pinchemel 1995-2004 (Lille)

Le rôle des aumôniers nationaux est très important :

Joseph Masselot (1970-1980), assisté de Jean Kammerer pour les Secondaires et de Pierre Tripier pour les Techniques

Charles Chauvin (1980-82)

François Coudreau (1982-1988)

Claude Wiener (1988-1994) 

Roger Wilhelm (1994-1996)

Noël Brosseau (1996-2004).

Progressivement leurs nominations demandent des négociations plus complexes ; Noël Brosseau n’est plus nommé qu’à mi-temps.

Après les années prospères 60-70, la décade 1970-80 avec Yves Calais et le P.Joseph Masselot est celle du changement de dimension et d'un rétrécissement de la Paroisse Universitaire. Elle n’échappe pas aux modifications qui atteignent l’Église, l’École et toute la société : diminution de la pratique et de la culture religieuses, désaffection de l’engagement associatif, exercice problématique du métier dans une École de moins en moins homogène, qu’il s’agisse des élèves ou des jeunes enseignants. De plus la situation des catholiques de l'enseignement public, tant dans l'École que dans l'Église, ne présente plus la difficulté de naguère et la PU n'est plus ce lieu nécessaire qu'elle a été, les enseignants catholiques de l'enseignement public tenant même une place importante dans la vie ecclésiale et la vie syndicale locales.

La participation aux JU diminue progressivement pour passer de 2000 en 1969 à moins de 400 en 1970, au point que les journalistes des grands quotidiens qui les suivaient d'habitude ne les ont plus fréquentées ; à Sorrèze en 1980 on ne compte que quelque 200 participants, sur un thème dont l'actualité pourtant allait croître, le dialogue interreligieux sur la compréhension de Dieu chez les chrétiens, les juifs et les musulmans. Le nombre des abonnés aux Cahiers Universitaires diminue aussi, alors que la rédaction dirigée par Marie-Thérèse Drouillon maintient sa qualité.

D'autre part les contacts extérieurs se développent avec ceux qui partagent des situations proches : avec des intellectuels non-enseignants au Centre Catholique des Intellectuels Français (CCIF) qui deviendra Confrontations, avec des ingénieurs et cadres du Mouvement Chrétien des Cadres (MCC). Le président de la PU est membre d'un Comité National de l'Apostolat des laïcs existant pendant une brève durée. Mais ces élargissements ne touchent guère l'ensemble de la PU.

C'est aussi le moment de séparation de la Paroisse Universitaire et des Équipes Enseignantes. Le rapprochement avait semblé s'accentuer dans les années 1970, le président des Équipes Enseignantes étant devenu vice-président de la Paroisse Universitaire. Mais les Équipes Enseignantes se sont orientées vers des engagements de plus en plus concrets dans les débats scolaires et socio-politiques jusqu'à prendre "l'option d'un socialisme à construire" qui a entraîné la séparation, des contacts étant maintenus par ailleurs entre les deux associations. Ici se manifeste la différence décisive, la PU se voulant lieu de réflexion ouverte et les engagements de chacun relevant de ses propres choix et responsabilités, les Equipes Enseignantes s'engageant en tant que telles et engageant ses membres dans les débats.

Sous les présidences suivantes, les organismes nationaux restent sensiblement les mêmes sous des noms différents : une Commission exécutive, ou Équipe nationale, assure la continuité, soutenue dans sa réflexion par un Conseil élargi, représentant l’ensemble de la Paroisse.

Le système par branches reste très actif : si les Équipes Enseignantes ont, en 1970, cessé définitivement de participer à la Commission exécutive et au Conseil, un Secrétariat des Supérieurs vient s’ajouter aux Techniques et aux Secondaires, il édite « Aujourd’hui l’Université » à l’adresse de 600 collègues et organise des sessions annuelles d’études bibliques.

Les Cahiers universitaires catholiques, devenus Trajets en 1992, renouvellent leurs rubriques et leur maquette. Marie-Hélène Depardon anime l’équipe de rédaction ; les articles seront groupés dans le cadre de sept rubriques : « Réfléchir, Enseigner, Croire, Réagir, Vivre, Lire, Écouter ». Un numéro par an, produit par les Secondaires sous le titre de Documents, fournit aux groupes un solide instrument de travail.

En 1992-93, la PU participe, avec plusieurs organisations dont les aumôneries de l’enseignement public et la JEC, à la création du CEL (Chrétiens en École laïque) animé par Marie-Claude Sabourin (Colloque des 8-9 mai 1993, rencontres de 1994, 1995, et colloque de 1997 à Evry).

La présidence de Bernard Pinchemel se consacre particulièrement aux jeunes enseignants ; les sessions sont ciblées sur les « jeunes actifs » et  les Journées nationales d’Auxerre sont confiées à quelques-uns d’entre eux, qui participeront dès lors à une équipe nationale renouvelée.

Cette présidence est aussi marquée, en 2003 et 2004, par une participation très active au débat public sur la commémoration de la loi de 1905 portant sur la laïcité (équipe de réflexion, contribution à la  commission Stasi, déclaration du président).

Depuis les années 1980 la PU participe plus activement aux activités du SIESC (Secrétariat International des Enseignants Secondaires Catholiques, appelé aussi aujourd'hui "Fédération Européenne des Enseignants Chrétiens"). Il n’en est membre que depuis 1957, un an après sa fondation, car la présence de l'ACMEC (Action Catholique des Milieux de l'Enseignement Chrétien) a provoqué une interrogation sur le respect de la laïcité de l'enseignement public français ; par la suite les positions de l'ACMEC et de la PU à l'intérieur du SIESC, n'ont jamais fait problème. Pendant longtemps, les contacts se limitaient à l'invitation des responsables du SIESC aux JU et à la participation de quelques membres des Groupes secondaires aux Rencontres annuelles. L'intérêt pour la vie internationale, plus précisément européenne, a grandi, et la part prise par des membres de la PU au Conseil et au Bureau du SIESC a été considérable avant et après l'ouverture de l'Europe du Centre et de l'Est. La PU a été alors particulièrement présente avec une longue vice-présidence très active d'Yves Calais et la charge de quatre des Rencontres d'été et du secrétariat de rédaction du bulletin semestriel SIESC-Actuel publié aussi en allemand et en anglais ; dans les Rencontres internationales d'été organisées chaque année dans un pays différent, les membres de la PU constituent souvent le groupe le plus nombreux.

Le SIESC a cette originalité dans le monde international de ne pas être une instance de délégués de mouvements mais un libre lieu de rencontre de membres d'associations européennes d'enseignants catholiques, des enseignements publics et privés, et de leurs invités d'autres confessions et religions, dans une ouverture très proche de celle de la PU. Il se préoccupe de tout ce qui concerne au sens le plus large la responsabilité des enseignants chrétiens dans chacun des pays représentés et dans l'Union européenne. Il est en relation régulière avec Pax Romana Europe et la Congrégation romaine pour les laïcs ; il a participé à des travaux des commissions des institutions européennes. Aujourd'hui le SIESC subit à son tour l'érosion des associations et mouvements catholiques qui touche tous les pays européens.

Cette présidence est aussi marquée, en 2003 et 2004, par une participation très active au débat public sur la commémoration de la loi de 1905 portant sur la laïcité (équipe de réflexion, contribution à la commission Stasi , déclaration du président).

VI.           Paroisse Universitaire et Équipes Enseignantes : vers la fusion

Président : Gérard Fischer (2004-2007)

Aumônier national : Philippe Marniquet

Les années ayant passé depuis que les Équipes enseignantes s’étaient séparées de la Paroisse Universitaire, et les divergences de fond s’étant estompées, la proposition de deux associations d’enseignants chrétiens offrant des options proches pouvait apparaître comme paradoxale et source de perplexités pour les jeunes concernés, et plus généralement pour l’extérieur.

Le projet de regroupement ne se fit pourtant pas sans hésitations de part et d’autre, tant sur le principe que sur ses aspects juridiques ou pratiques, notamment immobiliers ; les locaux des Équipes Enseignantes, rue Lacoste, ont été vendus et le siège de la nouvelle association est au 170 du boulevard du Montparnasse dans les anciens locaux de la PU. Les relations internationales ont été aussi au cœur des discussions jusqu'à ce qu'on admette que ces relations puissent être doubles. D'une part dans le cadre du SIESC, il s'agit d'associations européennes d'origine locale avec les traits de leurs histoires nationales, donc des positions différentes sur la laïcité et le statut de l'école en Europe ; d'autre part dans le cadre des Équipes Enseignantes Internationales et de Dialogue et Coopération, des associations ont été crées, notamment en Amérique du Sud, en Afrique et dans l'Asie du Sud-Est, ayant sur la laïcité des positions plus proches des Équipes Enseignantes. Ces deux relations se sont  montrées complémentaires. 

Les négociations, menées dans un groupe de pilotage mixte, aboutirent à un traité de fusion entre l’Association Joseph Lotte et les Équipes Enseignantes, adopté en 2006 par chaque conseil d’administration puis en assemblées générales par les deux associations, donnant ainsi naissance en 2008 à la nouvelle association Chrétiens dans l’Enseignement Public, CdEP.Le premier conseil d’administration de celle-ci est composé à parts égales de membres issus des deux anciennes associations.  

Après la fusion des deux associations, les archives des Équipes Enseignantes ont été déposées au Centre National des Archives de l'Église de France,35 rue du Général Leclerc, 92130 Issy-les-Moulineaux. Les archives de la Paroisse Universitaire (Association Joseph Lotte) ont été déposées aux Archives municipales de Lyon.

Historique rédigé en 2011 par Bernard Comte

 en collaboration avec Yves Calais, et Marie-Hélène Depardon




[1]Voir la présentation de l’histoire de l’association et des convictions qui ont inspiré son action et constitué son patrimoine moral dans l’important article de François Laplanche, « Les intuitions de la paroisse universitaire » (Trajets, 2001-2, n° 2).

[2] Voir *Joseph Lotte et ses contemporains, par J. Marre et autres, n° spécial des Cahiers Universitaires Catholiques, mars-avril 1961. Les publications signalées par un astérisque sont présentes aux Archives Municipales de Lyon (fonds Association Joseph Lotte ou fonds Latreille-Rostagnat).

[3] *Un compagnon de Péguy, Joseph Lotte (1875-1914). Pages choisies et notice biographique par Pierre Pacary, 3e édition, Librairie Lecoffre, 1919 (P. Pacary est le pseudonyme de M. Paris).

[4] Voir *J. Guitton, Les Davidées. Histoire d’un mouvement d’apostolat laïc 1916-1966, Casterman, coll. « Le monde et l’esprit », 1967 ; *Id., Marie Silve et la spiritualité laïque, Éd. du Foyer de Comminges, 1978.

[5] Voir *Père Paris, Écrits spirituels, préface de R. Pons, Éd. du Seuil, 1961.

[6] Voir *P. Deffontaines et al., Actualité d’Antoine Martel, Casterman, coll. « Le monde et l’esprit », 1969.

[7] Voir *Oratoriana, revue de la congrégation de l’Oratoire, mai 1967.

[8]  Voir *R. Pons, Un chrétien au service de l’enseignement public, Cerf, 1963.

[9] Voir *P. Dabosville, Foi et culture dans l’Église d’aujourd’hui, Fayard-Mame, 1979 (Éléments de biographie et choix de textes, chronologie et bibliographie).

[10] Esprit et Technique a été publié comme supplément à Trajets jusqu’en 1997

[11] Voir Claire Toupin-Guyot, Les intellectuels catholiques dans la société française. Le Centre catholique des intellectuels français (1941-1976), Presses universitaires de Rennes, 2002.

[12] Voir *P. Marthelot, Une dynastie d’écolâtres, Éd. Tirésias, 1993. 

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