Pourquoi lenseignement public

lundi, 05 septembre 2022 06:43

Rencontre d'animation nationale 2022

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La rencontre d'animation nationale a eu lieu à Issy les Moulineaux du 22 au 23 octobre 2022. Vous pouvez trouver le compte-rendu ci-dessous.

 Rencontre d'animation nationale

du samedi 22 au dimanche 23 octobre 2022

Accueil Saint-Paul
22, rue de l'Abbé Derry
92130 Issy Les Moulineaux
Tél : 01 45 29 16 06

Thème de réflexion de la rencontre

Enseigner aujourd’hui : de l’idéal à la réalité 

 

Nous avons commencé par un chant, puis la prière : Donne-moi ton regard  de Jean-Marie Petitclerc a été lue

 

 Seigneur, ce soir, je suis fatigué.

Je n'en peux plus avec cet adolescent que tu m'as confié.

Après tout ce que j'ai fait pour lui, tout ce temps donné sans compter,

voici qu'il a encore trahi ma confiance.

Mais le plus dur à supporter, Seigneur, ce n'est pas tant sa faute

que sa manière désinvolte et insolente de nier l'évidence.

Il ne cesse de me provoquer, et j'ai du mal à me contenir. [...]

Alors je t'en prie, Seigneur, s'il te plaît, donne-moi tes yeux

afin que je sois capable de découvrir le trésor que tu as placé en son cœur.

Apprends-moi à repérer la soif de reconnaissance

qui se cache derrière les provocations,

la soif de tendresse qui se cache derrière sa violence.

Cet adolescent, c'est ton fils, comme je suis ton fils.

Cet adolescent, c'est mon frère.

Alors, apprends-moi à dépasser le conflit qui nous oppose aujourd'hui

pour continuer de marcher ensemble sur une route de fraternité.

Après la lecture des courriels envoyés par les personnes ne pouvant pas participer à la rencontre, le tour de table a permis de connaître les participants présents et ceux se trouvant en visio.

Chantal de la Ronde a présenté le thème de la rencontre : Enseigner aujourd'hui entre idéal et réalité, comment dépasser tout ce qui nous soucie ?

Certaines personnes ont indiqué qu'elles ne pouvaient pas répondre au questionnaire car elles sont retraitées.

Péguy avait dit : "Il n'y a pas de crise de l'enseignement, mais il y a crise de civilisation et de société".

Actuellement les enseignants sont confrontés à l'hétérogénéité des familles. Dans certaines, les enfants ne sont pas suivis du tout, contrairement aux autres. Parmi ces enfants en grande difficulté, quelques-uns sont très violents, avec des troubles de comportement (en particulier les garçons). D'où les difficultés face à des situations parfois très compliquées.

Ils ont également à faire face à la partie administrative. Dans le 1er degré, les directeurs d'école sont découragés. Les techniques liées à l'informatique, au lieu de soulager leur travail, ne font que l'augmenter. Les retards s'accumulent en particulier pour la formation continue.

La question de l'institution se pose quant à la situation des TZR, des personnels en alternance et du nombre importants des démissions. De plus, quelle n'a pas été la stupéfaction de collègues suspendus, la veille de la rentrée, pour une durée de quatre mois sans que rien n'apparaisse dans leur dossier. Il faut alors trouver rapidement des remplaçants.

Plusieurs enseignants notent le manque de communication entre l'administration et le personnel enseignant.

Les responsables qui mettent en œuvre les nouvelles façons d'enseigner ne connaissent pas le niveau des élèves.

On peut être surpris des sujets de devoir donnés aux élèves, trop difficiles pour leur niveau, avec des mots compliqués.

En maternelle, de plus en plus d'enfants n'ont pas de limites à cause du manque éducatif dans la famille. Pourtant, les parents sont soucieux de la réussite de leurs enfants.

À Asnières, dans une classe relais (pour collégiens déstructurés), les jeunes, tiennent des discours violents, ils en reçoivent un flot continu sur les réseaux sociaux. Les accrochages sont fréquents, avec injures, dans les relations filles/garçons.

Le volet pédagogique n'a aucun impact sur eux. Ils sont "hors la Loi".

Des élèves pensent qu'il suffit de regarder des vidéos sur internet pour réussir. Certains, en grande difficulté, sont très stressés.

Des élèves sont devenus a-scolaires, en partie à cause des cours en distanciel pendant la Covid. Ils n'ont pas de méthode de travail, ne savent ce qu'est une leçon à apprendre à la maison, et ne travaillent que s'il y a une note. Ils ne font rien pendant le cours et photographient le tableau en fin de séance.

Des élèves reculent devant le travail à faire. Ils se dégagent de leurs responsabilités en accusant l'enseignant s'ils échouent à leur examen.

Des élèves ont des difficultés par rapport à la langue. Ils ne possèdent plus les références culturelles. Par exemple, ils ne connaissent pas la différence entre texte, chapitre œuvre, paragraphe. Il y a appauvrissement de la langue.

Comment les élèves pourraient-ils mettre des mots quand ils ne les possèdent même pas ? C'est une maladie de la transmission.

Des jeunes migrants du département des Bouches-du-Rhône, sont victimes de "démineurisation" (refus de l'administration de reconnaître l'âge du jeune) par le Conseil départemental. Ces lycéens vont de squat en squat, allant en classe quand ils peuvent. Dans certaines classes, on retrouve 2 à 3 élèves sans hébergement stable. Ces jeunes ont envie d'apprendre et de réussir.

Cependant, il existe des modules d'alphabétisation. Les jeunes concernés peuvent changer de foyer, sans quitter leur établissement scolaire.

Les élèves allophones peuvent bénéficier du français langue seconde.

On constate que des enfants nouvellement arrivants sont plus motivés que des enfants de la 2ème ou 3ème génération.

En primaire, on constate que souvent, les classes trop chargées (24 à 30 élèves) posent des problèmes. Le fait d'avoir eu des classes de 15 élèves avec des enfants non francophones permettaient une plus grande attention à chacun.

La situation des enfants ukrainiens est différente car même s'ils ne parlent pas du tout français, ils pensent qu'ils ne sont en France que de façon temporaire. De plus, ils ont "la tête ailleurs".

La société attend tout de l'école.

Les enfants sont nés avec les outils numériques, leur rapport au savoir et à la connaissance est donc modifié. Les parents ne racontent plus de contes à leurs enfants.

Des femmes apprenant le français constatent leurs difficultés pour rencontrer les enseignants. Parents comme enfants sont en souffrance devant le manque de réussite. Les difficultés de communication sont gigantesques.

D'où l'importance du dialogue et de la rencontre

Des questions :

  • Il faudrait classer notre réflexion par niveau d'enseignement.

  • Il faudrait mentionner la disponibilité des grands-parents.

  • Peut-on citer des critères de maturité ? Quels liens y-a-t-il entre discipline et maturité ?

  • Que fait-on de l'esprit de rébellion ?

  • Ne pas oublier l'importance de l'humain.

Pour conclure : le travail des enseignants est extraordinaire, les gens sont investis dans leur métier.

Malgré les dysfonctionnements, l'École continue !

***

Olivier, aumônier national, est intervenu au sujet de la pédagogie du Christ.

(cf. intervention)

***

Échanges et travaux en ateliers :

  • Les actifs
    Extrait sonore de l'intervention d'une participante (2mn50s)
    Le dispositif décrit dans l'extrait sonore permet d'ouvrir des portes pour la prise en charge sociale, médicale et/ou éducative de ces jeunes. Il faut donc garder en soi l'espoir que tout n'est pas perdu.

  • Les retraités

***

Dimanche matin

Une intervention de Marianne est lue après le chant et le texte.

« J'aurais vraiment aimé rester avec vous jusqu'à demain. Mais je suis toujours entre deux.
Ce soir, au dîner, j'ai parlé du thème de notre session : "De l'idéal à la réalité...". J'ai aussi parlé de l'association, de la difficulté à avoir des actifs pour prendre le relais, de mon incapacité à m'y investir. Du coup, de fil en aiguille, nous avons parlé du monde associatif en nous demandant s'il était dynamique ou en déclin. Je n'en ai aucune idée. Nous avons parlé de nos vies remplies mais aussi de l'individualisme ambiant qui font qu'on ne se tourne pas ou peu vers le collectif. "Les gens qui oeuvrent dans les associations sont des bénévoles, me dit mon mari. Et justement, je lisais un article dans Le Monde qui expliquait qu'aujourd'hui, le principal motif des gens pour travailler, c'est l'argent. Peu seraient prêts à faire le même travail bénévolement, par amour du métier ou pour défendre une cause." Cela a donné lieu à une discussion sur le rôle du travail dans notre société. Les enfants n'étaient pas d'accord entre eux d'ailleurs : pour l'un, on travaille pour gagner sa vie, pour l'autre "pour faire avancer la société" (formule un peu approximative mais pas si mal d'un enfant de 10 ans). Alors, je réfléchissais et me disais que même si c'est dur, même s'il y a tant de maux, j'aime mon métier d'enseignante et qu'en étant au travail, dans mes pratiques, j'espère en fait donner envie à mes élèves de construire une société du lien, plus coopérative et démocratique. Mais ce qui me décourage, c'est l'écart qu'il y a entre mes ambitions pour les élèves et l'impression de ne pas pouvoir les atteindre pour toutes les raisons que nous avons évoquées cet après-midi. "Et oui, dit mon mari, c'était le thème de votre session, n'est-ce pas ?".
Et oui... Je suis rentrée un peu frustrée car je suis partie au moment où vous alliez parler de créativité. La réflexion était en cours : nous avons fait la liste des maux de l'Ecole (et de la société tout entière), nous avons parlé de nos petits moments heureux, qui font aussi partie du quotidien et donc de la réalité (nous l'oublions trop souvent), mais il me manque la partie sur l'idéal, ce que nous voulons construire avec les élèves. Je vous souhaite donc une très belle matinée de réflexion demain matin, porteuse d'espérance pour les élèves et pour l'Ecole. Que l'Ecole ne soit plus comme on lui demande aujourd'hui un espace où l'on panse les plaies mais qu'elle redevienne un espace où l'on pense avec les élèves et pour les élèves la société de demain, ce projet commun à tous qui fait de nous une nation. Pour que notre idéal soit aussi celui des élèves. Qu'ils marchent à côté de nous, et non en ayant l'impression qu'on les y force.
Merci pour l'organisation de ces journées. A très bientôt.
 »

Le travail de groupe est poursuivi en début de matinée puis la réflexion est présentée en plénière.

1/ Les actifs

4 points ont été retenus :

  • Mettre l'élève au centre, prendre l'élève au centre et l'aimer

  • Passer de la punition/sanction à la responsabilisation

  • Valoriser les réussites et donner un sentiment de fierté aux élèves

  • Trouver des histoires déconnectées par rapport au sujet pour pouvoir les faire réfléchir. Utiliser l'humour et l'amour

2/ Les retraités

Groupe 1 :

  • Le bien commun : accepter de faire un pas de côté pour défendre la totalité des élèves, mais aussi en prendre les moyens.

  • Se mettre à côté de l'élève et se mettre d'accord sur ce que l'on va regarder

  • Ne pas avoir peur des initiatives

  • Faire la liste des choses intéressantes

Groupe 2  :
Grâces reçues auprès des élèves, à quelle(s) créativité(s) sommes-nous appelé(e)s, Qu'est-ce qui nous met en mouvement, nous anime ?

  • Reconnaissance des actions par d'anciens élèves
  • Respect partagé entre jeunes et adultes, indépendamment de l'âge et du statut.
  • La solidarité
  • La convivialité
  • La co-construction : vivre ensemble dans l’espace public
  • Être ouverts et accueillants à l’imprévisible
  • Tout n'est pas négatif dans ce qui est nouveau, par exemple, les moyens de communication actuels permettent de communiquer au niveau de l'international

***

À 11 h, messe dans la chapelle
Télécharger l'homélie du Père Olivier Joncour : "Des enseignants engagés et attentifs"

***

Reprise l'après-midi avec les informations concernant l'Assemblée Générale d'Angers, au Bon Pasteur les 11 et 12 mars 2023, sur le thème "Autour de Madeleine Delbrêl".

Suite du travail par ateliers :

  • Préparation de la session des actifs de 2024

  • Préparation de la session des retraités 2023 à Vichy

  • Commission de communication

 

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