7437D0CC AA1A 4DAA 81D9 54A4B898DB911Le temps est déja à la préparation de l'été, avec les premières annonces de nos sessions à déstination de tous!

Nouveau départ

12 septembre 2016 By

Encore une ! Vingt-sixième rentrée pour moi, dans ce lycée polyvalent qui a bien changé depuis mes débuts. Un travail d’équipe tenace, joyeux, créatif – et des locaux neufs, depuis dix ans – ont transformé l’établissement repoussoir à l’allure d’usine agonisante en un vaisseau conquérant dont la politique et les résultats attirent toujours plus de familles et d’élèves. Rançon du succès : les limites sont désormais atteintes, voire dépassées, en termes de nombre de divisions, d’effectifs par classe et d’occupation des locaux. Les labels éducation prioritaire et prévention violence n’ont pas résisté à la poussée des demandes, ni surtout aux mesures d’économie imposées par la direction académique. Après une audience où nos représentants n’ont pas été entendus (ont-ils même été écoutés ?), il a fallu menacer de ne pas assurer la rentrée, déposer un préavis de grève à la date du 1er septembre, pour que quelques moyens horaires soient débloqués in extremis et permettent de sauver les meubles. Que notre hiérarchie, à tous les niveaux, se rassure : le bénévolat a encore de beaux jours devant lui, et avec le sourire par-dessus le marché !

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 Les journées de prérentrée se suivent et se ressemblent… et je les supporte de moins en moins ! Certes, l’ambiance des retrouvailles devrait leur donner la saveur des fêtes de famille réussies ; mais la multitude des tâches à accomplir dans l’urgence – car suspendues à des informations indisponibles auparavant – pour que l’accueil des élèves le lendemain se fasse dans les meilleures conditions, m’empêche de l’apprécier. 

Je rêve d’une rentrée en deux journées. La première pour prendre des nouvelles les uns des autres, pour se raconter les vacances, pour faire connaissance avec les collègues fraîchement arrivés, pour collecter tranquillement les données importantes en début d’année (emplois du temps, listes diverses, consignes et procédures, bilans et perspectives) et, puisqu’il le faut bien, pour écouter aussi poliment et patiemment que possible les discours inexorables d’équipes de direction peu rompues à la communication concise ("Je parle donc j’existe" : credo d’une société médiatique ?), qui semblent croire qu’un auditoire captif est nécessairement captivé. La seconde pour initier le travail des équipes, aussi bien pédagogiques que disciplinaires, selon une organisation qui permette à chacun de ne pas devoir choisir entre maintes réunions, ou du moins d’avoir le temps d’assister à certaines tout en accédant aux comptes rendus de celles qu’il n’a pas pu suivre.

Au lieu de cela, une course contre la montre sur fond de cacophonie, selon un emploi du temps impossible à respecter, où le café d’accueil, l’apéritif et le repas prennent une importance démesurée au détriment des échanges pédagogiques. Journée épuisante et frustrante par cette désagréable impression que rien n’est plein, que rien n’est achevé, que tout s’éparpille en une pesante inconsistance. Pour retrouver un peu d’allant et de sérénité, je repense à la toute récente session Cdep à Rochefort-du-Gard : une vraie convivialité, des échanges fraternels, des temps riches et variés, sans précipitation. Sous un immense ciel d’azur, avec un horizon de douces collines aux flancs striés de vignobles et, au loin, la fière allure du mont Ventoux, le sanctuaire nous a généreusement offert la beauté, le silence et la paix.

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 Les journées de rentrée se suivent mais ne se ressemblent pas… et je les apprécie de plus en plus ! Car les élèves changent, même ceux que l’on connaît déjà. Quelles évolutions, quelles métamorphoses parfois en un été ! Physiques – ce sont les plus criantes – mais aussi mentales. Et quelle merveille de découvrir de nouveaux visages, de nouvelles personnes, avec qui débute une longue et passionnante aventure, dans l’inconfort des commencements incertains et dans la joie d’une lumineuse espérance ! Après une matinée destinée à une présentation générale, les élèves de Seconde se succèdent toutes les dix minutes, pour un court échange avec deux de leurs futurs enseignants. Moment certes trop rapide, mais souvent riche. Paroles, attitudes, regards : un premier contact précieux avant de se lancer dans le travail. Des informations sur les histoires scolaires, et sur les histoires tout court, émaillées de répliques savoureuses, inattendues, émouvantes.

À une élève qui avoue passer au moins trois heures par jour à pratiquer des jeux sur ordinateur, mon collègue demande : « Et vous travaillez parfois à la maison ? » « Oui, quand je m’ennuie. » Un autre, sur la question du travail à la maison : « Moi, je pense que le travail c’est d’abord de bien écouter en classe. Alors je me concentre un maximum, et souvent ça me suffit pour réussir. » Avec un troisième, qui a fui la terre de ses ancêtres, en est à son deuxième pays d’accueil et vit à l’hôtel avec ses parents : « Avez-vous déjà une idée de ce que vous voudriez faire plus tard ? » « Oui : changer le monde… ou au moins mon pays. »

Voilà qui complète utilement les renseignements que l’étude des dossiers d’inscription a pu fournir sur les familles et les parcours scolaires. Celle-ci nous apprend que huit élèves sur trente vivent avec seulement un de leurs parents, dont deux sont orphelins de l’autre. Les niveaux et les comportements s’annoncent très variés. Certaines appréciations d’équipes pédagogiques, synthèses des bulletins de fin de Troisième, laissent songeur : Un ensemble fragile. Vous n’avez pas su fournir les efforts attendus. Vous devez absolument faire des efforts de participation en classe et demander de l’aide lorsque vous ne comprenez pas. Ne vous découragez pas. Alerte travail. Passage en 2nde GT. Heureusement, d’autres font sourire : Attention aux bavardages ! met en garde un certain M. Ragot. L’expérience des années précédentes permet de relativiser : bien des collégiens saisissent l’occasion du passage au lycée pour changer, parfois radicalement. Et, bien que les jeunes viennent majoritairement de la même commune, les mélanges opérés au sein des classes se révèlent souvent bénéfiques. Le gamin de cité à la scolarité débridée effectuée en collège REP + côtoie désormais celui du pavillon tout proche dont les parents avaient préféré un établissement privé d’une ville voisine ; l’adolescent né en 1999, qui a suivi deux classes de 3ème entrecoupées d’une année en internat (nous n’avons pas voulu, dès le premier jour, lui faire préciser de quel type d’internat il s’agissait) aura pour camarade un petit nouveau âgé de 14 ans et demi, venu de Maubeuge où ses parents travaillent et résident encore, dont il a quitté le collège privé Notre-Dame-de-Grâce (situé rue de la Croix, ça ne s’invente pas !) pour rejoindre notre lycée et vivre avec son grand frère.

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 Je prie pour qu’une belle alchimie unisse tous ces jeunes ; pour que chacun d’entre eux trouve et cultive au fil des jours la joie d’apprendre, de progresser, de se construire, dans un climat propice à l’épanouissement d’une précieuse estime de soi.

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