CDEP asso

Je relis notre soirée. Nous avons parlé de beaucoup de choses. Quel peut être mon angle d'attaque ?
Je pense que ce serait "la société du lien".
La religion, c'est ce qui relie ("religere"). Nous sommes toutes arrivées d'horizons différents, avec des préoccupations et des actualités différentes mais c'est bien ce groupe Cdep qui nous a relié, qui nous a permis d'échanger fraternellement et qui a permis à Xristella de nous confier sa situation.
L'un des premiers temps forts de nos échanges a porté sur nos pratiques, modifiées par les habitudes digitales de nos élèves et leur art de la procrastination. Comment faire de nos cours un espace qui relie les élèves à leurs enseignants alors que ceux-ci attendent parfois la fin du cours pour photographier le tableau et regarder une vidéo qui en reprendra le contenu ? Dans les plus petites classes, on peut créer du lien en racontant des contes, des mythes. Le psychologue Serge Boimare pense que discuter en classe des mythes fondateurs, c'est réfléchir collectivement au sens de la vie et créer une culture commune à une classe. La classe est une microsociété, l'école aussi, petit sanctuaire au milieu d'un quartier : d'autres liens s'y nouent, apprenant aux enfants qu'il existe autre chose que ce qu'ils connaissent chez eux. Mais le lien entre l'Ecole et dehors existe tout de même : Aurélie fait coucou depuis sa classe à la maman d'Abdallah qui sait alors qu'il est en train de rentrer. Rituel rassurant, adaptation au territoire dont on s'imprègne en prenant le temps d'y faire un petit tour parfois. On s'y lie.
Et puis nous avons parlé des interventions de Sosheata dans les établissements (sur les conduites à risque des enfants) et de l'envie de tisser du lien avec les familles qui ont sans doute aussi besoin de recréer du lien en leur sein, de poser les téléphones pour parler, échanger, répondre aux questions et aux inquiétudes des enfants.
Il y a aussi le lien entre collègues, et surtout le lien entre professeurs et élèves : doit-il se limiter à la transmission ? L'enseignant ne peut-il pas être un accompagnant, un compagnon de route dans la semaine des élèves de sorte que les liens entre les enfants et l'école soient plus forts, et que les enfants aient envie d'aller à l'école le matin comme ils ont envie de rentrer à la maison le soir. Comment changer de paradigme ?
Hélène nous a parlé pour finir d'un livre sur l'accompagnement à la spiritualité. Celle-ci est dans beaucoup de gestes, de postures. N'y a-t-il pas ici quelque chose à creuser sur le lien ? Ce sera peut-être l'objet de nos futures soirées. Après Pâques. D'ici là, chacun de nous doit penser le lien au Seigneur en pensant à une situation qui nous rappelle la résurrection.
Bon chemin à tous vers Pâques.


Marianne (equipe d'Asnieres Hauts de Seine)