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mardi, 18 octobre 2022 07:18

Les soirées CdEP

Écrit par

Ce sont des soirées qui font du bien ! Les soirées CDEP.

Le 14 février 2023

Même si nous allons entrer dans le Carême bientôt, ce soir, nous étions déjà dans l'espérance de Pâques de Xavier Dufour. Chacun de nous a fait la liste de ses convictions, ses principes, ses fois, ses commandements. Chacun avait son mot pour dire finalement à quoi il était attaché dans le métier.

Il a souvent été question du regard porté sur nos élèves, enfants de Dieu avant toute chose, à prendre là où ils sont pour les emmener jusque-là où ils le pourront, partant du principe que tous sont éducables, tous peuvent grandir, tous peuvent devenir autonomes, tous seront un jour des adultes, sujets libres. Ayons confiance en eux et sachons aussi apprendre d'eux. Pour cela, il nous faut aussi tenir compte de leurs fragilités, de leur identité, de leur environnement, de tout ce qui n'est pas laissé à la porte de l'école, du collège ou du lycée quand l'élève y rentre. Malgré tout, l'Ecole est le lieu de l'apprentissage, de la transmission : transmission des connaissances, mais aussi des valeurs. Et nous sommes remplis de joie quand les élèves se laissent imprégner par nos gestes et surtout par notre amour.

Nous espérons alors que, par ricochets, nos élèves essaimeront et participeront au développement d'une société plus fraternelle dans laquelle les interactions humaines prévalent et dans laquelle chacun sait voir la valeur de l'autre. Quand les exigences que nous avons vis-à-vis de nous-mêmes deviennent les leurs, peut-être est-ce parce que nous avons réussi à incarner quelque chose de beau, de grand, de plus grand que nous? Parce que Jésus était avec nous et qu'il a commencé à les convertir.

Marianne

 

 

 Le 16 janvier 2023
Deux nouvelles arrivées, du fromage à l'apéritif, un article du Monde dont nous nous souvenions mal mais que Philippe avait photocopié (au cas où...), un chapitre que nous n'avions pas vraiment lu (ou bien il y a trop longtemps), des collègues qui devaient venir mais qui finalement n'étaient pas là... Non vraiment, cette soirée était sous le signe de l'imprévu, des devoirs non faits, des absences, et pour certains, déjà, de la fatigue.

Je me disais : quelle allure va avoir mon petit compte-rendu mensuel ? Car maintenant, voyez-vous, j'ai la pression. Il paraît même qu'un scénario est à l'étude. Désolée pour cette blague qui ne concerne que la vie de notre équipe Hauts-de-Seine Nord !

Et en fin de soirée, Chantal nous a lu un petit message de Zabou. Sur la vie. La vie de prof, celle que je compare aux montagnes russes. On passe par de nombreuses émotions : des plus négatives (le mal que nous ressentons pour nos élèves tellement abîmés par la vie) aux plus belles (la joie de voir une relation prof-élève en train de se réparer). La vie de prof ! Quelle en est la genèse ? Qu'est-ce qui nous fait tenir, "durer" comme le disait notre article du Monde ? C'est ce à quoi nous devrons réfléchir pour la prochaine fois (encore des devoirs !) : Quels sont nos cinq engagements ? Qu'est-ce qui nous fait tenir ? Quels sont ces principes auxquels nous tenons et sur lesquels on ne transige pas ?
On a déjà eu quelques réponses ce soir. Quelle en est la genèse ? L'envie de travailler avec des êtres humains et de les faire grandir, de leur permettre de faire société. Qu'est-ce qui nous fait tenir ? Les élèves, indiscutablement. Quels sont nos engagements, nos priorités ? Leur faire acquérir du vocabulaire pour qu'ils puissent dialoguer, leur faire acquérir une culture commune, faire d'eux des citoyens éclairés, libres. Mais il y en a sûrement bien d'autres. La suite au prochain épisode. Oui oui, nous parlions bien de scénario...

Marianne
nvier 2023
Le 12 décembre 2022

Que retenir de notre soirée mensuelle ?
Sommes-nous comme Jésus au milieu des enfants ? Parvenons-nous à être de bons pédagogues pour que tous nos élèves nous comprennent ? Avons-nous un geste pour chacun des enfants qui nous fait face, pour le ramener à nous, pour le faire grandir, pour lui donner la place qui lui convient le mieux dans notre société ?
Assurément, nous ne sommes pas Jésus. Nous avons nos faiblesses, nous nous mettons même parfois en insécurité avec nos élèves, parce que nous sommes des hommes. Imparfaits. Mais Jésus est un modèle, il nous guide, il nous rend capable d'humilité. L'une de nous a dit ce soir qu'elle n'aurait pas choisi ce métier si elle n'avait pas été chrétienne. Sans doute. Heureusement, nous avons tout de même des collègues qui ne sont pas chrétiens mais qui aiment aussi les élèves et sont mus par des objectifs proches des nôtres. Pourquoi ont-ils choisi ce métier ? Peut-être que ces collègues, bien que profs dans le public, rencontreront Jésus un jour : à travers nous, ou à travers les élèves.
Enfin, à la question  "Etes-vous heureux ?" (en référence aux dernières lignes du chapitre 8 du livre de Xavier Dufour) ? Oui, nous le sommes au milieu de ces enfants, nous le sommes parce que nous sommes chrétiens et parce que l'espérance nous porte au quotidien, parce que les élèves sont la vie. Mais nous sommes inquiets pour eux : leur permettre de trouver une place qui leur conviendra dans notre société va leur demander de  grandir sensiblement, de devenir responsables, de savoir se défendre intellectuellement, de s'impliquer, de s'engager pour eux-mêmes et pour les autres. Pour certains d'entre eux, il y a encore un long chemin à parcourir vers l'honnêteté, l'esprit critique, et l'engagement. Faisons pour eux tout ce que nous pouvons, donnons. Mais acceptons de ne pouvoir tout faire, de ne pas réussir parfois. Confions-les au Seigneur.

Marianne
Le 14 Novembre 2022
Ce soir, j'étais contente de voir que Lydia avait tracé son chemin avec sa classe d'ULIS au collège et qu'elle avait trouvé les personnes compétentes pour travailler avec elle et accompagner ses élèves. J'étais contente d'entendre M. se dire à chaque instant en classe qu'elle aimait ses élèves, et j'étais heureuse pour Philippe qui a savouré une journée de formation "approche des maths par les textes historiques". Ce soir, nous avons écouté Antoine qui se démène pour faire réfléchir des élèves qui veulent du prêt à l'emploi et qui ont décidé de faire de la résistance. Heureusement, son autre classe lui fait confiance ! Enfin, ce soir, je remercie le Seigneur qui m'a envoyé tant de signes aujourd'hui : grâce à Lui, j'ai tenu (ce n'était pas gagné ce matin !), Il m'a aidée. Il a vu quelles étaient mes limites. La vie de prof avec ses grands bonheurs, ses préoccupations, les trucs qui rongent de l'intérieur, se déclinait ce soir dans l'actualité des uns et des autres.

Nous avons poursuivi notre lecture de Xavier Dufour, sur l'enseignement du fait religieux. Si certains collègues sont peu à l'aise avec le fait religieux (dans certaines matières plus que d'autres peut-être), l'inculture religieuse n'est pas à généraliser, même à l'Ecole publique. L'histoire de la naissance des religions, le rapport de nos sociétés aux religions, les traces laissées par les religions dans notre espace et notre temps sont bien travaillés en classe. Et de fait, nous réfléchissons avec les élèves au sens que cela a pour les sociétés, pour les hommes, et donc, peut-être, pour eux : à eux de voir ! Nous leur donnons les cartes et ils garderont celles qui sont importantes pour se construire. Concernant le laïcisme, il semble qu'il laisse place aujourd'hui à un courant très virulent de collègues qui sont contre la laïcité vécue comme un diktat islamophobe.

Finalement, en rentrant ce soir, je me dis qu'il y avait encore du chemin à faire pour connaître l'autre : creusons et nous trouverons sans doute de la spiritualité et de la culture religieuse chez les collègues (peut-être même que nous trouverons des profs chrétiens). Creusons et peut-être que nous entendrons des discours plus nuancés entre les laïcards et les nouveaux "anti-laïcité". Et dans nos classes, cherchons bien : certains élèves nous font confiance, ils nous aiment comme nous les aimons. L'un d'eux t'a même dit que tu étais un homme bon, Antoine ! Entendons-les. Regardons-les. Remercions-les. Et rendons grâce.


J'ai eu du mal à écrire ce soir. Olivier, tu as raison, il ne fallait peut-être pas boire autant.
Bonne nuit à tous.

Marianne

 

Les soirées CdEP...
Non seulement elles nous permettent de « vider nos sacs » mais elles nous permettent aussi de nous poser, de réfléchir, de prendre du recul sur ce que nous vivons au quotidien : la déception liée aux petites cachotteries de la salle des profs, transposition de la cour de récréation version adultes, l’impression qu’on n’arrivera pas à hisser nos élèves au niveau attendu tant les attentes sont élevées et les contenus d’enseignements éloignés de leurs réalités et de leurs capacités.

A l’autre bout de la table, c’est la fatigue de l’un qui s’exprime, fatigue de subir les pressions de sa direction (et par là des parents d’élèves) alors qu’il est dans une parfaite maîtrise de ce qu’il fait mais que la peur et les logiques comptables remettent ses pratiques en cause. Chez d’autres, ce sont les collègues qui se permettent la remise en cause de leurs pratiques mais la direction leur fait confiance au point d’oublier que les journées ne durent que 24 heures, même chez celles et ceux qui sont partants pour tout. Et il y a aussi la difficulté de débuter dans le métier, de tout comprendre et de tout inventer, quand on a encore en tête de gros projets universitaires : rédiger une thèse.

Nous décrivions tous ce soir notre envie de bien faire, sans doute de trop bien faire, de trop en faire, de nous mettre au service des élèves et d’une institution qui est si contradictoire. Il nous faut par exemple accueillir tous les élèves et les accompagner TOUS vers la réussite mais exiger d’eux ce que nous-mêmes n’aurions pas été capables de faire à leur âge : commenter un texte de littérature au regard d’autres textes, évoquer les usages sociaux et politiques du château de Versailles de l’Empire à nos jours, composer/tenir quatre heures sur un sujet qui peut en fait être réalisé en deux heures (vingt minutes en réalité pour nos élèves). Autre contradiction : être dans une Ecole de la confiance où les établissements sont obligés à la plus grande transparence et doivent répondre des exigences de certains parents qui ne nous font pas confiance du tout et qui exigent de nous que nous fassions comme le professeur du petit voisin.

Mais au fond, que voulons-nous pour nos enfants ? Pour nos élèves ? Les formater, faire d’eux des perroquets, être des petits étudiants de sciences po ou simplement être dans le plaisir d’apprendre, de découvrir et prendre le temps d’apprendre à apprendre, à être attentif, à faire, à rédiger, à composer, à commenter sans utiliser des recettes prêtes à l’emploi qui sclérosent la pensée. Apprendre à être attentif (c’était le thème de notre lecture de ce soir – chapitre 6 du livre de Xavier Dufour), à faire silence, à se poser, à réfléchir pour accéder au sens et peut-être à la vérité.

Nous nous questionnions lors de notre dernière rencontre sur la mission à donner à l’école : être un lieu « à côté » de notre société qui offre d’autres repères, ou bien un lieu qui cherche à capter un public en lui proposant quelque chose qui ressemble à notre société. Nous étions finalement encore dans ce même questionnement ce soir : faire de l’école le lieu d’apprentissage de la réflexion longue qui exige la patience et non la satisfaction immédiate d’un désir soudain, ou bien répondre aux exigences comptables d’une société où tout se résume à l’utile. « A quoi sert de lire La Princesse de Clèves quand on est guichetière ? » disait-on.
M.

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