I - HISTORIQUE
Dans les années 60, une équipe enseignante se forma, autour de Manu B., prêtre-ouvrier, dans le secteur de Martigues - Port de Bouc (Bouches-du-Rhône), pendant que d'autres équipes existaient ou naissaient à Marseille et à Aix-en-Provence. Au bout de quelques années, il ne restait plus dans cette équipe que deux foyers, Henri & Francine Cotet Camille & Lydia Honnoré; Jean-Pierre & Jeannette Reynaud, habitant Marignane, les rejoignirent, formant le noyau d'une équipe de foyers se réunissant un dimanche par mois, dans un petit couvent de religieuses, à St-Victoret près de Marignane.
Qui dit foyers dit enfants, et ceux-ci arrivèrent progressivement (jusqu'au nombre de 10). Une religieuse fut sollicitée pour animer le groupe d'enfants, puis ce fut une jeune fille de nos connaissances ; dans les dernières années, en ce lieu, les plus grands s'occupaient des plus jeunes, pendant que les parents cogitaient sur les plans de travail, ayant accueilli en route plusieurs célibataires. Puis, les enfants grandissant ne sont plus venus avec les parents, qui, alors se réunissaient chez les uns et chez les autres.
L'équipe s'est dissoute d'un commun accord, en 2004, du fait entre autres que nous étions tous retraité(e)s, et très engagés en divers lieux (Restos du Cœur, Tiers-Monde, ASTI, paroisses, CCFD, syndicats, équipe de recherche diocésaine, etc).
Des liens si forts ne pouvaient rester sans lendemain, aussi nous nous sommes retrouvés chaque année pour un repas fraternel.
Bref... 2015 s'annonçait comme l'anniversaire des 80 ans de cinq parmi nous.
Nous nous apprêtions à faire cela entre nous les anciens lorsqu'une de nos filles, apprenant nos intentions qu'elle jugea minimalistes, déclara que les enfants de l'équipe avaient finalement vécu eux aussi, à leur manière, une "vie d'équipe", à nos côtés, en jeux et activités diverses, à l'intérieur ou dans la colline proche, et que c'était donc l'occasion de se retrouver tous les dix avec nous, des années après s'être dispersé(e)s..
Avec notre Danielle comme fer de lance, le projet d'une rencontre commune parents-enfants, petits-enfants mûrit efficacement, facilité par internet que la plupart d'entre nous pratiquons.
Eh bien, nous nous sommes retrouvés à 35, le dimanche 5 juillet 2015, dans une cour et une salle paroissiale de Marseille, dont le curé Bernard C. avait été notre dernier aumônier d'équipe, succédant à Michel C., Jean L.G., Robert A., Michel B.
II – LES CONSÉQUENCES QUE NOUS EN TIRONS...
Cette journée de « retrouvailles », comme nous l'avons chanté avec le texte de Graeme Allwright, fut pleine de joie, de rires et d'amitié, sans aucune fausse note. Nos enfants retrouvaient la complicité de leur enfance, avec un peu de nostalgie mais pas trop. Certains d'entre nous, enfants et parents, avions préparé des textes, chants, sketches. "L'Évangile, ils ne l'avaient pas lu" avons-nous chanté avec Brassens... mais oui ils l'avaient « lu », par-ci par-là, à travers la cloison qui nous séparait d'eux. Une fois même, un de nos enfants, s'étant aventuré dans l'embrasure de la porte, intervint dans notre échange (pour contrer un peu ses parents présents, c'est dire !).
En voyant les adultes qu'étaient devenu(e) chacun(e) de nos enfants, nous pensons que notre équipe enseignante se voyait ainsi confortée et authentifiée après coup par les valeurs vécues par eux et elles, et parmi ces valeurs le choix d'un métier (et la manière de l'exercer !). Qu'on en juge : une infirmière, cinq enseignants, une directrice de MJC, un chargé de l'insertion de handicapés pour toute une région, et militant associatif dans la même direction, un responsable départemental d'entreprise publique, un traducteur international... Egalement, dans leur existence personnelle, on perçoit la dynamique de l’attention aux autres. Plus qu’un lien de « charité », elle est acte d’amour vrai, accompagné du désir de participer – chacun avec ses charismes - à la vie de notre société. Les parents que nous sommes pensons que, si l'appartenance à l'Église n'apparaît pas beaucoup, ce qui ne nous laisse pas indifférents, nos enfants devenus adultes, parents, sont porteurs de réelles valeurs ; leur densité humaine est visible, ce sont de véritables humanistes, au sens complet du terme. Nous avons donc le sentiment d'avoir réussi notre vie de parents, grâce à la vie en équipe entre autres, sans prétention aucune. Cela aide à vivre, n'est-ce pas ? Et c'est à porter au crédit des Équipes Enseignantes et de CdEP !
En conclusion, chacun et chacune est parti(e) le soir heureux de cette journée, et se promettant de recommencer !
Jean-Pierre & Jeannette REYNAUD - HENRI & Francine COT,
Le 9 août 2015.