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vendredi, 17 août 2012 18:10

Mal à l'Europe ?

Écrit par

Bruxelles 2012 – Les Églises et l'Europe.

 

Un écho de la célébration d'ouverture 

 

MAL À L'EUROPE ?


L'Europe ne va pas bien, l'Europe souffre, l'Europe se cherche… C'est ce contexte qui s'est installé dans nos pays depuis quelques années, et qui a donné un relief accru à la 57ème rencontre du SIESC à Bruxelles, du 25 au 31 juillet 2012. Dans le climat actuel de doute sur le devenir de l'Europe, il était courageux de s'interroger sur "la position et le rôle des religions et des Églises dans une Europe aux multiples convictions" ; mais cela n'a pas intimidé les 75 participants de 13 nationalités différentes, dans et hors Union Européenne, qui ont cette année encore savouré des échanges très riches dans une ambiance d'amitié et d'écoute mutuelle.

L'échange des craintes et des espoirs

Tous ces échanges, dont l'aperçu ci-dessus ne donne qu'une faible idée, ont trouvé à la fois des échos et des éléments de réponses dans les contributions des intervenants successifs.

À quoi l'Europe travaille


Certains de ces intervenants nous ont initiés au fonctionnement de l'Europe telle qu'elle est, au plan civil comme au plan religieux, et de la manière dont elle essaie d'agir tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

D'une façon tout à fait appropriée, c'est un juriste, le professeur Louis-Léon Christians, qui a fait prendre conscience à l'assemblée du rôle croissant des institutions européennes, et en particulier de la CEDH (Cour Européenne des Droits de l'Homme), dans l'organisation de l'enseignement religieux (ou éthique) dans les écoles. Il a mis en lumière à la fois l'exigence de respect de toutes les convictions, et celle de non discrimination entre les élèves, qu'il s'agisse de la présence controversée de crucifix dans les salles de classe en Italie ou de l'organisation en Norvège de déplacements scolaires à la découverte des diverses religions.
Avec Mgr Joe Vella Gauci, c'est le rôle institutionnel de la COMECE (Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne) qui se trouve mis en valeur. Il décrit en particulier son action internationale de soutien non seulement aux chrétiens, mais plus largement à toutes les minorités religieuses persécutées ; une action souvent commune avec la CEE (Commission des Églises Européennes), qui consiste autant à aider ces persécutés qu'à faire prendre conscience aux autorités européennes de leur responsabilité pour réclamer aux pays persécuteurs une "réciprocité" de la liberté dont jouissent toutes les religions dans l'Union Européenne.

Le professeur Mohamed Jamouchi, lui, a présenté la perspective d'un Islam européen en voie de construction malgré bien des obstacles, dans la mesure où les musulmans nés et éduqués sur le sol européen pourront progressivement s'organiser et voir reconnue une identité "d'Européens musulmans" (dans cet ordre), avec des responsables religieux formés sur place et connaissant la culture du pays. Il en espère une contribution positive à l'Europe, dans les domaines de la solidarité sociale et de l'éthique en particulier, une fois dépassé l'Islam "littéraliste et frileux" importé en Europe par les premières générations.

Une vision chrétienne de l'Europe


Quant aux deux religieux - un jésuite et un dominicain - ils nous ont permis de discerner dans les évolutions contemporaines tant des sociétés européennes que de l'Église catholique, mais aussi des autres Églises, l'avancée du plan de Dieu et de la construction du Royaume.

Le P. Alain Madelin s.j., a décrit "l'exceptionnalité de l'Europe en matière religieuse", ce continent où les rapports entre les sociétés nationales et les religions dessinent une figure encore inédite dans l'histoire humaine. Soumise à une sécularisation accélérée, l'Europe a vu le rôle des Églises dans la société se modifier du tout au tout, leur influence sur les gouvernements s'effondrer, mais aussi une alliance se nouer entre elles et différents acteurs de la démocratie. Aujourd'hui des Églises radicalement dépouillées de leur pouvoir politique traditionnel ont une nouvelle chance de présenter de manière séduisante la nouveauté de l'Évangile.
Le dernier intervenant, le frère dominicain Gabriel Nissim, a brossé un tableau enthousiaste - et enthousiasmant - de la contribution des chrétiens à la construction européenne. Il voit dans cette construction un "signe des temps" au sens de Vatican II, un pas vers l'unité de la famille humaine comme Dieu la veut ; il souligne qu'elle est fondée sur la liberté, en particulier religieuse, sur la non discrimination entre les citoyens et sur la séparation des États et des religions. Il assigne aux religions, chrétiennes en particulier, un rôle de service désintéressé et de témoignage, d'union et de réconciliation, et de promotion de la solidarité et du bien commun.

Une invitation à l'engagement européen

Impossible de développer ici toutes ces interventions plus riches et plus motivantes les unes que les autres. Vous les trouverez in extenso sur le site du SIESC (FEEC), à l'adresse suivante :

 Site du SIESC-FEEC

Mais à la fin de ce parcours, comment ne pas dire qu'on a quitté Bruxelles rasséréné, avec de nouvelles raisons, y compris dans la foi, de travailler à l'avènement d'une Europe toujours plus satisfaisante. Ne nous joignons pas au chœur des pleureuses qui rejettent sur l'Europe les insuffisances de leurs propres politiciens, ne soyons pas de ceux qui tirent sur une ambulance. L'Europe ne va pas bien, l'Europe souffre, l'Europe se cherche ? Elle a besoin d'abord d'hommes et de femmes solidement engagés à la faire grandir dans le partage, la solidarité et la liberté. Soyons de ceux-là.

 

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